Crise à Mayotte : "Les professionnels de santé libéraux sont laissés pour compte"
Dans une lettre adressée hier au Premier ministre, François Bayrou, et au ministre de la Santé, Yannick Neuder, et dont Egora a eu copie, les représentants des URPS médecins et infirmiers de l'Océan indien alertent sur l'urgence de reconnaître et de soutenir les libéraux confrontés à la crise sanitaire et humanitaire suite au passage du cyclone Chido à Mayotte.
Face à la "crise à la fois sanitaire et humanitaire" que traverse Mayotte depuis plus de deux semaines et au "désespoir palpable" de la population, les professionnels de santé libéraux de l'archipel sont démunis. En "première ligne", et alors qu'"ils continuent à être présents sur le terrain tous les jours depuis le passage du cyclone Chido" le 14 décembre, "malgré le manque criant d'électricité, d'eau et de nourriture", ils "sont laissés pour compte", dénoncent dans une lettre datée de lundi 30 décembre les représentants des URPS médecins et infirmiers de l'Océan indien.
La missive a été remise hier au directeur de cabinet du ministre de la Santé, en déplacement à Mayotte, et au directeur général de l'ARS, indique à Egora la présidente de l'URPS médecins libéraux Océan indien, la Dre Christine Kowalczyck. Elle est adressée au Premier ministre, François Bayrou, au ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, Yannick Neuder, ainsi qu'au ministre des Outre-mer, Manuel Valls.
"Des soins parfois gratuits avec du matériel qu'ils doivent acheter en pharmacie"
La lettre souligne l'ampleur de la tâche à laquelle les libéraux de Mayotte sont confrontés depuis plus de deux semaines. Ils ont dû "réhabiliter leurs cabinets, malgré des moyens insuffisants, pour assurer la continuité", tout en répondant "aux besoins urgents de la population", parfois en dispensant des "soins gratuits avec du matériel qu'ils doivent acheter en pharmacie", soulignent les élus URPS.
Pour les soutenir, ces derniers ont lancé des appels aux dons, à la fois financiers et matériels "dans l'espoir d'envoyer des colis" à leurs confrères de Mayotte "ne pouvant plus s'approvisionner". Mais pour les acheminer, ils devront se débrouiller par leurs propres moyens, déplorent-ils. "A notre grand désarroi, l'ARS de la Réunion nous a demandé de nous charger nous-mêmes de cette logistique, qui n'est pas de notre compétence", dénoncent-ils dans cette lettre. "Une semaine après nos démarches répétées, nous n’avons toujours aucun signe concret de soutien. Cette inertie et ce manque de réactivité institutionnelle ne sont plus acceptables."
"Une gestion institutionnelle profondément inefficace"
Quant à la cellule de coordination mise en place "tardivement" par l'ARS avec des représentants de la Sécurité civile, de Médecins du monde et de la réserve sanitaire, elle "exclut de manière incompréhensible les acteurs locaux les plus expérimentés", pointent les URPS. "Où sont les médecins et infirmiers libéraux qui connaissent le territoire ?", interpellent-ils, pointant là encore une "gestion institutionnelle profondément inefficace", un "manque de reconnaissance et une coordination qui repose majoritairement sur des acteurs métropolitains". "Cette décision, sans consultation des professionnels de proximité, nuit à l’efficience des différentes aides déployées et à la qualité de la répartition de celles-ci", estiment les URPS.
"Pour remédier à cette situation alarmante", les libéraux appellent "à un dialogue immédiat" et à des "mesures concrètes" : du matériel médical (médicaments, vaccins, sets à pansements, matériel de perfusion et/ou à injection), des matériaux de construction (bâches, tôles, parpaings..), du matériel informatique (ordinateurs, lecteurs de cartes CPS…), "une aide financière à la reconstruction des cabinets libéraux", et un "appui logistique" pour coordonner les aides et acheminer le matériel sur le territoire. Ils demandent enfin à inclure les acteurs libéraux "dans la gestion et la coordination des crises".
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