Déserts médicaux : "Je ne vais pas tout promettre", mais "il y a des progrès", soutient Barnier
Invité de l'émission "L'Evénement" sur France 2, jeudi 3 octobre, le Premier ministre Michel Barnier a précisé les "mesures concrètes" que son Gouvernement mettra en place pour améliorer l'accès aux soins : inciter "financièrement" les internes à aller dans les déserts, confier des "actes médicaux" aux infirmières, kinés et pharmaciens, octroyer un "statut fiscal et social" aux médecins en cumul emploi-retraite…
Traduisant les préoccupations des Français, la question de l'accès aux soins a été l'une des premières à être abordée jeudi 3 octobre, lors de l'émission "L'Evénement" sur France 2. Invité, le Premier ministre a été interpellé par la maire de Saint-Etienne-de-Lugdarès, village de 423 habitants situé dans l'Ardèche qui cherche désespérément un médecin depuis 15 ans. "Je connais une personne qui utilise les médicaments vétérinaires pour soigner sa propre famille parce qu’elle n’a pas pu obtenir des rendez-vous à temps chez le médecin, a confié l'élue. On a l’avantage d’avoir des vétérinaires, par contre, qui sont vraiment présents sur le territoire et qui interviennent 7 j/7 24 h/24 pour les besoins des animaux. Ça veut dire qu’aujourd’hui les bêtes sont mieux soignées que les hommes", a-t-elle lancé.
Reconnaissant les efforts et le découragement des maires ruraux face aux difficultés d'accès aux soins, Michel Barnier a rappelé que les déserts médicaux gagnaient aussi les villes, une "situation aberrante et inadmissible".
Les internes seront incités "financièrement" à aller dans les déserts
"Je ne vais pas tout promettre, je ne vais pas raconter d’histoires", a déclaré le chef du Gouvernement. La "bonne nouvelle", c'est qu'il y a désormais "30% d'étudiants en médecine en plus", a-t-il tenu à souligner. "Il n’y a plus de tabou sur le nombre de médecins maintenant, et on va voir ça dans quelques années." Dès l'an prochain, il y aura plus d'internes : 11 500 contre 8 500 cette année. "Les progrès sont là, il y aura plus de médecins", a insisté le Premier ministre. Mais "est-ce qu’ils viendront dans cette commune ? Ce n'est pas sûr", a-t-il reconnu, avant de revenir sur l'une des "mesures concrètes" annoncées mardi dernier lors de son discours de politique générale : un "programme spécial", baptisé "Hippocrate", pour "encourager financièrement" de "jeunes médecins, de jeunes internes, français ou étrangers - à condition qu’ils soient reconnus par l’Ordre des médecins" à exercer dans les déserts.
"Je voudrais aussi que les médecins retraités -j’en connais beaucoup- qui peuvent à temps partiel reprendre du service aient un statut fiscal et social qui les encouragent à reprendre du service", a-t-il ajouté.
Confier des "actes médicaux" aux infirmières, kinés et pharmaciens
Michel Barnier a réitéré sa volonté de faire voter une "loi 'infirmières' pour les encourager et les soutenir". Il souhaite également aller plus loin dans le partage d'actes : "Il y a des soignants ou des personnes comme les pharmaciens ou les kinésithérapeutes qui pourraient être encouragés à faire des actes médicaux dans certaines conditions".
Aide à mourir : le texte adopté par les députés sera repris
Alors que des voix s'élèvent à droite pour réclamer une restriction de l'Aide médicale d'Etat (AME), le chef du Gouvernement s'est montré prudent sur le sujet, se contentant de déclarer que l'"on peut mieux gérer l'AME"; " on va revoir calmement les choses pour que ceux qui y ont droit puissent la recevoir", a-t-il ajouté.
En revanche, il compte mieux lutter contre la "fraude sociale". "Nous allons sécuriser les cartes Vitale en les adossant aux cartes d’identité biométriques pour que tous ceux qui ont des droits puissent les utiliser et qu’il n’y ait pas d’abus comme on le constate aujourd’hui", a-t-il lancé.
Enfin, sur l'aide à mourir, le Premier ministre a rappelé qu'il souhaite relancer les travaux là "au moment où ils se sont arrêtés". "Pour gagner du temps", les débats parlementaires reprendront sur le texte adopté en juin par l'Assemblée nationale, auquel Michel Barnier se dit personnellement favorable.
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