Médecins victimes ou auteurs de violences : l'Ordre et la ministre prônent la "tolérance zéro"
Dans leurs discours d'ouverture au congrès tri-annuel de l'Ordre des médecins, le président du Cnom, le Dr François Arnault, et la ministre de la Santé et de l'Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, ont réaffirmé leur "tolérance zéro" à l'égard des violences dont les médecins seraient victimes ou auteurs.
"Les résultats de l'Observatoire annuel de la sécurité des médecins sont très préoccupants", a affirmé la ministre de la Santé lors de son discours d'ouverture du congrès de l'Ordre des médecins, faisant référence à la hausse de 27% des violences à l'encontre des praticiens. "Des chiffres d'autant plus inquiétants qu'ils sont sous-estimés", a alerté Geneviève Darrieussecq. "Dans cet exercice où quelqu'un essaie d'aider quelqu'un d'autre en lui prodiguant des soins, ces violences sont encore plus inacceptables", a-t-elle tranché.
"La violence qui gangrène notre société s’est infiltrée et touche dangereusement la profession médicale", a abondé le Dr François Arnault. Pour protéger au mieux les médecins, l’Ordre a mis en place dans les 103 départements des commissions vigilance violence sécurité (VVS) en signant des conventions avec les parquets pour une meilleure efficience. L'instance compte également promouvoir auprès des médecins la diffusion du "bouton poussoir d’alerte", "qu’il est urgent d’activer", a appelé François Arnault.
"Je sais que vous attendez l'appui du ministère de la Santé sur ce sujet, notamment sur les dispositifs d'alerte. Nous allons reprendre les travaux initiés par Agnès Firmin Le Bodo dans les meilleurs délais", a annoncé Geneviève Darrieussecq souhaitant "garantir aux soignants d'exercer dans des conditions de sécurité satisfaisantes".
Au-delà des violences physiques, l'Ordre a rappelé son engagement à lutter contre les violences sexuelles et sexistes (VSS), "sujet de société qui n’épargne aucune communauté". "La profession médicale hospitalière, libérale et salariée est touchée par ce fléau. Les médecins en sont les victimes mais aussi, hélas, parfois les auteurs", a pointé le président de l'instance ordinale.
Sur le sujet, l'Ordre a lancé une enquête auprès de tous les médecins sur les VSS au sein du corps médical et a recueilli 21 000 réponses. Les résultats seront présentés à l'assemblée générale de l’Ordre samedi 16 novembre prochain et rendus publique dès la semaine prochaine.
Un plan d'action pour bientôt
Un dispositif d’accompagnement déontologique et d’entraide est mis en place par l'instance pour les praticiens victimes de ces violences. "Quant aux médecins qui, hélas, sont auteurs de violences sexuelles et sexistes, ils doivent savoir que l’équipe que j’ai l’honneur de présider a décidé, au cours d’un séminaire, afin de lutter contre ce fléau, de mettre en place un dispositif de traitement des plaintes et signalements notamment concernant ces violences", a annoncé François Arnault.
Une commission nationale des plaintes, un logiciel de gestion reprenant l’ensemble des plaintes déposées auprès des conseils départementaux, la création d’une page dédiée aux victimes de VSS de la part d’un médecin sur le site même de l’Ordre des médecins feront partie de ce dispositif. Un référentiel commun sur les critères de probité et de moralité sera également mis en place.
"Notre objectif, Madame la Ministre, est la tolérance zéro", a affirmé le président. Une position saluée par la ministre qui a annoncé qu’un plan d’action avec des mesures "très concrètes" serait décliné "prochainement".
La sélection de la rédaction
Etes-vous favorable à l'instauration d'un service sanitaire obligatoire pour tous les jeunes médecins?
A Rem
Non
Cela fait 40 ans que nos ministres, qui sont censés administrer notre système de santé, nous amènent dans la situation actuelle. P... Lire plus