Un collectif de médecins explique pourquoi le port du masque à l'école est nécessaire dès 6 ans
Pour le collectif "Du côté de la science", qui rassemble une vingtaine de médecins et chercheurs, la balance bénéfices/risques est largement favorable au port du masque dès l'école primaire, études à l'appui.
Alors que le port du masque imposé aux enfants scolarisés dès l'âge de 6 ans est sujet à controverse tant sur le plan de l'efficacité que sur le plan de son application, ces médecins rappellent que les enfants peuvent non seulement être contaminés par le Covid à tout âge, mais également qu'ils sont contaminants, peut-être même autant que les adultes. Le collectif, dont le médecin de santé publique Hélène Rossinot ou encore les généralistes Christian Lehman et Jérôme Marty sont membres, ont analysé la littérature sur le risque de transmission du SARS-CoV-2 par les enfants. Leur conclusion, publiée sur leur site le 1er novembre, est sans appel : "la balance bénéfices-risques est largement en faveur du port généralisé du masque" chez les enfants, "dès que possible".
S'il n'existe "aucun doute scientifique sur le fait que les enfants puissent être contaminés par le SARS-CoV-2", la fréquence des contaminations pose question. "Aux Etats-Unis, l’Académie américaine de pédiatrie notait le 22 octobre que plus de 790 000 enfants avaient eu un test positif au COVID-19 parmi 7,2 millions de cas, soit 11,0 % de l’ensemble des cas et un taux d’incidence de 1 053 cas pour 100 000 enfants depuis le début de la pandémie", rapporte le collectif. Une prévalence qui serait sous-estimée étant donné le taux important d'asymptomatique et de paucisymptomatique (40 à 50%) chez les enfants et "l’aversion à l’écouvillonnage naso-pharyngé qui pourrait minorer le nombre de tests et leur sensibilité" chez ces patients.
"Les enfants sont contaminants pour toutes les classes d'âge", ajoutent les membres du collectif. "Dans la plus vaste étude épidémiologique de “tracing” à ce jour*, 5384 enfants de 0 à 4 ans et 29 122 enfants de 5 à 17 ans (1 % et 7 % de l’ensemble des cas) avaient parmi leurs contacts 460 et 3650 personnes secondairement testées positives (respectivement 1 % et 9 % de l’ensemble des infections secondaires) ; ainsi, même s’ils représentaient une faible proportion des cas index analysés (8 % des cas), les enfants de moins de 17 ans infectaient aussi fréquemment que les adultes (responsables de 10 % des cas positifs parmi l’ensemble des contacts) et dans toutes les classes d’âge", soulignent-ils.
"Cette étude a aussi confirmé que les enfants et les jeunes adultes étaient impliqués dans la transmission de la Covid-19 dans toutes les tranches d’âge : par exemple, lorsqu’ils ont testé tous les contacts d’enfants de 0 à 4 ans positifs au SARS-CoV-2, ils trouvaient 26 % de positifs parmi les cas contacts de 0-4 ans, 5 % parmi les 5-17 ans, 5 % des 18-29 ans, 7 % des 30-39 ans, 6 % des 40-49 ans, 7 % des 50-64 ans, 5 % des 65-74 ans et 8 % des 75-84 ans. Ces taux étaient similaires pour toutes tranches d’âge (par exemple, les trentenaires positifs avaient dans leurs contacts 6 à 8 % de taux de positivité pour toute décennie)". "Même s’ils font peu de formes graves, et même si la contamination a été rare en valeur relative dans les premiers mois de la pandémie (pendant la période de confinement), le nombre élevé d’enfants dans les écoles rend cette transmission fréquente en valeur absolue", insistent-ils, jugeant non pertinent de baser la stratégie sur des études réalisées au début de l'épidémie, au printemps, "lorsqu’il n’y avait pas de brassage important des enfants (confinement mondial, écoles fermées)".
Enfin, relèvent-ils, il n’existe aucun risque identifié au port du masque par les enfants. Pour les enfants en apprentissage de la lecture ou qui seraient malentendants, il existe les masques dits "inclusifs", qui permettent de voir les lèvres. Pour être efficace, le port du masque doit être précédé "d’un travail parental fort dans le but principal d’obtenir leur coopération", avec explication claire des raisons du port du masque sans retrait. En cas de port imparfait, "un complément par double protection (masque et visière) pourrait être secondairement envisagé".
*Laxminarayan R, Wahl B, Dudala SR, et al. Epidemiology and transmission dynamics of COVID-19 in two Indian states. Science Internet American Association for the Advancement of Science, 2020; Disponible sur : https://science.sciencemag.org/content/early/2020/09/29/science.abd7672
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