Vaccination : pour le directeur de Doctolib, "le Gouvernement ne se repose pas assez sur les médecins de ville"
Avec 21% de la population adulte qui a reçu au moins une dose au 27 avril et un rythme journalier de 450 000 injections, la campagne de vaccination française est enfin sur les rails. "450 000 par jour, c'est deux fois plus que début mars et quatre fois plus que début février", a souligné Stanislas Niox-Chateau, fondateur et directeur général de Doctolib, lors d'une conférence de presse organisée ce mercredi 28 avril à l'occasion du lancement d'une plateforme de data sur la vaccination. Objectifs de #DefiVaccination : lutter contre la "désinformation" sur les rendez-vous non pris et autres mythes sur les créneaux disponibles (entre 200 et 250 000 rendez-vous sont mis à disposition et pris chaque jour), et "communiquer sur ce que la France fait bien ou ne fait pas bien". En l'occurrence, les Gaulois n'ont plus à rougir de leurs performances vis à vis de leurs voisins anglais. Le rythme quotidien d'injections est désormais le même dans les deux pays, mais "les Anglais sont à ce rythme depuis mi-janvier", relève le fondateur de Doctolib, et 50% d'entre eux ont d'ores et déjà reçu une dose. La mobilisation des soignants français et des collectivités n'est pas en cause : le Royaume-Uni a simplement été mieux approvisionné en doses d'AstraZeneca et a tout misé sur les premières injections, en espaçant davantage les secondes, analyse Stanislas Niox-Chateau. La France a donc "deux mois de retard", mais ces dernières semaines, "la dynamique est très positive".
Du côté des centres de vaccination français, on ne peut guère faire mieux, étant donné les tensions qui persistent sur les doses de Pfizer et Moderna, relève-t-il : plus de 90% du stock de vaccins ARNm est écoulé. Les quelque 1800 centres de vaccination tournent à plein régime, réalisant 85% du nombre total d'injections. En ville, en revanche, la vaccination avec AstraZeneca plafonne à 40-50000 injections par jour, "très en dessous de ce que l'on pourrait faire", étant donné que seuls 73% des doses livrées à la France ont été utilisées. Le directeur de Doctolib estime que l'on pourrait réaliser 50 à 100 000 vaccinations supplémentaires par jour avec AstraZeneca dans les cabinets et les officines. Pourtant, les professionnels de ville sont toujours rationnés : médecins, infirmiers et sages-femmes (nouvelles venues dans la campagne) ne pourront commander qu'un flacon de 10 doses chacun cette semaine, tandis que les pharmaciens en auront... deux. Pas de quoi exploser les records. "L'adhésion" de la population au vaccin anglo-suédois est certes un problème majeur, qui nécessite que...
le Gouvernement adopte "une communication bien plus active qu'il ne l'a fait ces dernières semaines", juge le fondateur de Doctolib. Mais surtout, pour ce dernier, "le Gouvernement ne repose pas suffisamment sur les médecins de ville, les pharmaciens, les infirmiers et les sages-femmes". Contrairement à la stratégie affichée à l'automne dernier, où il n'était pas question de miser sur les vaccinodromes. En Allemagne, "un tiers des injections sont réalisées chez les professionnels de ville, surtout les médecins généralistes, qui commencent à vacciner avec Pfizer et Moderna", souligne-t-il. En attendant de pouvoir disposer de vaccins à ARNm, les libéraux peinent à trouver des volontaires pour AstraZeneca, d'autant que la cible est particulièrement réduite : les patients de 55 à 59 ans, les personnes plus âgées se dirigeant plus volontiers vers Pfizer et Moderna. Toutefois, contrairement aux idées reçues, seuls 1% des rendez-vous ne sont pas honorés. Encore trop pour les médecins, étant donné leur emploi du temps bien chargé.
Dans ces conditions, l'ouverture de la vaccination par ARNm aux plus de 50 ans serait à double tranchant. Pour Stanislas Niox-Chateau, ce serait pourtant envisageable dès le milieu de semaine prochaine. Alors que 71% des plus de 75 ans sont vaccinés, le modèle de prévision mis au point par Doctolib estime que 70% des plus de 60 ans devraient avoir reçu une première dose d'ici là, contre 58% actuellement. Plus de sept millions de patients de plus de 60 ans n'ont encore ni rendez-vous ni première dose, relève-t-il.
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