L’étude Coronado, qui a analysé le devenir pendant 28 jours de 2 796 patients diabétiques adultes de 68 centres hospitalisés pour une infection Covid-19, entre le 10 mars et le 10 avril 2020, a confirmé la surmortalité chez ces malades (1,2). « En effet, 20,6 % de ces patients dont l’âge moyen était de 69,7 ans sont décédés au cours de la période de suivi et après 28 jours, 12,2 % étaient encore hospitalisés », a expliqué le Pr Bertrand Cariou, endocrinologue au CHU de Nantes et principal coordonnateur de l’étude. Les facteurs de risque étaient clairement l’âge mais aussi la présence de complications microvasculaires (néphropathie, rétinopathie, plaie du pied), celle de marqueurs biologiques de l’inflammation (CRP…), tandis que le pronostic était meilleur en cas de durée plus longue des symptômes avant l’hospitalisation ou de traitement préalable par la metformine (odds ratio de 0,71). « Cet effet, qui pourrait être lié à une action anti-inflammatoire, a été décrit dans d’autres études et nécessiterait d’être vérifié par un essai randomisé », a ajouté le Pr Cariou. Il n’a pas été relevé de relation avec le taux d’HbA1c (7,7 % en moyenne chez ces diabétiques). Ce qui a surpris les investigateurs. Mais, le niveau d’hyperglycémie à l’admission, était un marqueur de mauvais pronostic. « Un fait également retrouvé dans d’autres études, y compris chez des non diabétiques », a complété le Pr Cariou. Les malades obèses de moins de 75 ans présentaient un risque plus élevé de décompensation respiratoire requérant une intubation trachéale. En revanche, aucun décès n’a été déploré chez les diabétiques de type 1, qui représentaient 3 % des patients de la cohorte.
Depuis lors, les diabétologues ont mis en place une autre étude, Coronado-Control, dans laquelle les mêmes patients ont été appariés, pour le sexe, l’âge, à des sujets non diabétiques hospitalisés au même moment dans le même centre. Les premiers résultats ont mis en évidence un risque multiplié par 1,21 de décès, par 1,39 de passage en réanimation ou soins intensifs, et par 1,42 d’intubation trachéale en présence d’un diabète, a mentionné le Pr Pierre Gourdy, diabétologue au CHU de Toulouse.
Les patients vont être suivis, ce qui permettra d’apprécier chez eux les risques de développement d’un Covid long, de nouvelles hospitalisations. D’autres études seront, par ailleurs, nécessaires pour voir comment les risques ont évolué avec les nouvelles vagues d’infections, et depuis l’apparition des variants.
Plusieurs hypothèses
Diverses hypothèses ont été émises pour expliquer le surrisque associé...
au diabète : plus forte susceptibilité à l’infection qui pourrait être due à une surexpression des portes d’entrée du virus comme l’ACE2, dysfonction alvéolaire plus fréquente favorisant l’hypoxie, risque thrombo-embolique majoré. Des travaux de chercheurs français ont aussi révélé que « dans le diabète de type 2, les monocytes circulants sont moins nombreux et présentent un profil de sécrétion inflammatoire, un phénomène corrélé à la gravité de l’infection Covid-19 », a signalé le Pr Gourdy.
« D’autres recherches ont suggéré que l’infection Covid-19 pourrait être un facteur de diabète en agressant les cellules pancréatiques », a ajouté le Pr Cariou. « Dans Coronado, le diabète a été découvert chez 3 % des patients lors de l’hospitalisation. L’évolution a été chez eux identique à celle observée chez les autres patients diabétiques ».
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Wargny M, et al. Diabetologia. 2021 Apr;64(4):778-794.
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Site de l’étude Coronado : www.diabetes-covid.org
Dans l’étude entreprise, de février à mai 2020, par le National Health Service au Royaume-Uni ayant pris en compte 10 926 décès liés à une infection Covid-19, le diabète était associé à un surrisque de décès de 1,31 en cas d’HbA1c inférieure à 58 mmol/mol et à 1,95 au dessus (1).
Les données de santé de la population écossaise (5 463 300 sujets dont 319 349 avec un diabète déclaré, 5,8 %) ont révélé que le risque de décès ou d’admission en réanimation pour infection Covid-19 avait été de 0,3 % chez les diabétiques contre 0,1 % chez les non diabétiques entre mars et juillet 2020 (odds ratio de 1,4 après ajustement pour l’âge et le sexe) (2). Le risque était augmenté en cas d’âge avancé, de sexe masculin, de présence de facteurs de fragilité, de comorbidités.
En février 2021, le rapport Épi-phare de l’Agence nationale du médicament et de la Caisse nationale d’assurance maladie a conclu à un surrisque en France d’hospitalisation et de décès en milieu hospitalier de respectivement 1,64 et 1,75 chez les diabétiques (3).
D’après la communication de : P. Gaudry (Toulouse).
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Williamson EJ, et al. Nature 2020 Aug;584(7821):430-436.
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McGurnaghan SJ, et al. Lancet Diabetes Endocrinol. 2021 Feb;9(2):82-93.
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Semenzato L., et al. Épi-phare. Épidémiologie des produits de santé. GIS ANSM-CNAM. Rapport mis à jour le 18 février 2021. www.epi-phare.fr
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