97 000 euros en moyenne par médecin : une rémunération "insuffisante" pour 74 % d'entre eux
Conditions de travail difficiles, horaires à rallonge, longues études… Les trois-quarts des médecins interrogés par Medscape s'estiment lésés sur leur rémunération. La moitié des libéraux déplorent même une baisse de leur pouvoir d'achat. En 2018, la rémunération* moyenne annuelle des médecins a augmenté de 2 %, pour s'établir à 97 000 euros, d'après l'enquête menée par l'édition française de Medscape auprès de 900 médecins. Avec 116 000 euros de moyenne avant impôts, les libéraux affichent une rémunération supérieure de 40 % aux hospitaliers, qui touchent 77 000 euros. L'écart entre généralistes et autres spécialistes s'est réduit ces deux dernières années, passant de 5 à 2 % : les premiers perçoivent en moyenne 96 000 euros par an, les seconds 98 000. A titre de comparaison, la Carmf chiffrait le BNC moyen des médecins libéraux à 91 921 euros en 2017 (77 243 euros pour les généralistes, 111 161 euros pour les autres spécialistes).
Quoi qu'il en soit, ces revenus sont jugés trop faibles pour 74 % des sondés et pour 83 % des moins de 45 ans. Les médecins estiment être insuffisamment rémunérés au regard de leurs "énormes responsabilités", de leurs "études difficiles" et de la charge de travail. Malgré une augmentation de leur rémunération, un peu plus de la moitié des médecins répondants (51%) estiment que leur pouvoir d'achat a diminué en 2018. Sentiment partagé par 49 % des hospitaliers, qui déplorent "le blocage des salaires de la fonction publique", et 63 % des libéraux, qui subissent une augmentation des charges et taxes (Carmf, Urssaf, assurances, impôts sur le revenu…) non compensée par celles des revenus. "Mon impôt sur le revenu est passé de 17 800 à 21 800 euros, alors que mon salaire a augmenté de 3 euros depuis 2017", illustre un cardiologue. Plus généralement, les médecins les plus âgés pointent "le manque de réévaluation du prix des actes en fonction de l'inflation depuis plus de 30 ans". L'enquête de Medscape relève également une inégalité salariale marquée... entre hommes et femmes. Alors que ces dernières travaillent 51 heures par semaine, soit seulement 4 heures de moins que les hommes, leurs revenus sont inférieurs de 27 % à ceux de leurs confrères. Toute spécialité et mode d'exercice confondus, cela représente un manque à gagner de 27 000 euros annuels. L'écart est réduit à 17 000 euros pour les généralistes (83 000 pour les femmes, 100 000 pour les hommes). La déception vis-à-vis de ces conditions d'exercice est telle que 34 % des praticiens assurent qu'ils ne referaient pas médecine, en toutes connaissances de cause. La lourdeur administrative arrive en tête des aspects les plus pénibles du métier pour 39 % des sondés (29 % des médecins y consacrent 14 heures par semaine!), suivie par les horaires à rallonge (27 %), la gestion des patients difficiles (12 %) et la crainte d'être poursuivi en justice (8 %). Si les médecins tiennent le coup, malgré tout, c'est parce qu'ils se sentent compétents (aspect le plus gratifiant pour 32 % des sondés) ou qu'ils se nourrissent de la reconnaissance et de la relation avec le patient (30 %). "Avoir de bons revenus en exerçant un métier qui me plaît" n'est cité en premier que par 12 % des répondants. * Revenu pour une pratique à temps plein, n'incluant pas les activités médicales non associées aux soins. Pour les salariés, il inclut le salaire net, les primes et les cotisations à un régime de participation aux bénéfices. Pour les libéraux, il inclut les revenus et les dépenses professionnelles déductibles, avant impôts.
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