Recherche médicale, comptabilité des médecins, aide aux patients : les start-up santé sont à la Station F

Qu'elles s'adressent aux médecins ou aux patients, les start-ups fleurissent dans le domaine de la santé. Et c'est donc naturellement que plusieurs d'entre-elles ont été sélectionnées pour intégrer le grand incubateur lancé par Xavier Niel à Paris, Station F.

Le 29 juin dernier, Emmanuel Macron a inauguré le gigantesque espace dédié aux start-up : Station F. Sur 34 000 m2, cette couveuse hors norme pourra abriter jusqu'à 3 000 bureaux et 1 000 start up. Situé dans une ancienne halle ferroviaire au cœur de Paris, il est financé entièrement par Xavier Niel, fondateur de Free et figure majeure de l'écosystème des entrepreneurs français. Le projet lui aurait coûté plus de 250 millions d'euros. L'homme d'affaire s'est associé avec de nombreuses entreprises pour accompagner les start-up incubées dans ce campus : Facebook, Zendesk, vente-privée, Microsoft, Ubisoft... "L'ambition à Station F, c'est vraiment de rendre l'entrepreneuriat plus accessible et de mettre tout un écosystème sur place, pour que les start-up ne passent pas leur temps à aller chercher des ressources à droite et à gauche", note Roxane Varza, qui a accompagné Xavier Niel dans ce projet. Au sein de ce vaste espace dédié aux entrepreneurs, la santé s'est fait une place. Qu'il s'agisse de recherche médicale, d'assistance aux professionnels ou d'aide aux patients, de nombreuses start-up santé ont été sélectionnées. Ainsi, l'incubateur de l'Institut du Cerveau et de la Moelle épinière (ICM), baptisé iPeps, a été choisi pour développer des programmes santé au sein de Station F. Situé au sein de l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, iPeps délocalisera une partie de son activité (une centaine de postes) pour être au contact de ce nouvel écosystème de start-up. "Avec une vingtaine de start-up représentées dans les domaines des biotech, medtech et e-santé, la vocation d'iPeps est d’accélérer la concrétisation d’idées en produits et solutions thérapeutiques", assure l'ICM. Pour ce qui est de l'assistance aux professionnels de santé, Station F compte dans ses nouvelles pousses la start-up Self-Med. La jeune entreprise propose aux professionnels de santé de faciliter leur comptabilité. "Nous proposons un service qui permet notamment de récupérer automatiquement et quotidiennement les flux bancaires, de les affecter comptablement grâce à de l'intelligence artificielle", explique Jérémie Tolédano, qui porte cette entreprise. Ensuite, le professionnel de santé peut choisir de finaliser seul sa déclaration 2035 ou de demander l'aide d'un comptable. "Forts de notre innovation comptable, nous avons postulé pour intégrer STATION F, via leur Founders Program. STATION F a reçu plus de 2 300 candidatures de startups pour ce programme, et seules 200 ont été retenues, parmi lesquelles la nôtre !", se félicite Jérémie Tolédano. Entouré de centaines d'autres entrepreneurs, Self Med entend développer son activité. Ambitieuse, la start-up compte même participer à "réduire les déserts médicaux". "Par son innovation, Self-Med veut rendre du temps médical à la communauté, explique l'entrepreneur qui espère ainsi faciliter l'installation des professionnels de santé. Selon une étude de la Drees, le temps administratif est de 4 heure par semaine. Si l'on supprimait ce temps administratif, on dégagerait 316 millions de consultations par an." Enfin, on trouve aussi plusieurs entreprises développant des produits à destination des patients. Sélectionnée par le programme Facebook, The Fabulous se présente comme une application de santé et bien-être qui aide les utilisateurs à adopter des habitudes saines, en analysant les comportements quotidiens des utilisateurs. Le programme HEC, lui a préféré soutenir les créateurs du boxer anti-ondes. L'entreprise Spartan, qui vient d'intégrer la Station F, propose de protéger la fertilité et la santé des hommes avec un tissu bloquant "99,9%" des ondes émises par les téléphones portables et wi-fi. Plus loin, Vanessa, 35 ans, a été sélectionnée pour son carnet de santé connecté, Capsule Protect. L'entrepreneuse a créé une application pour smartphone et tablette permettant aux patients d'enregistrer leurs données de santé. "Ces données personnelles sont hébergées de façon anonyme et sécurisée au sein d'un hébergeur agréé Données de santé et certifié par le ministère", assure l'entrepreneuse, qui espère trouver à la Station F de l'accompagnement "sur les sujets de stratégie de développement, de communication, de levées de fonds…" La e-santé est un secteur porteur, et les investisseurs de ne s'y sont pas trompés. En France, 100 millions d'euros ont été investis dans le secteur de l'e-santé et du bien-être en 2016, selon l'indicateur FrenchWeb Invest, ce qui en fait l'un des 10 secteurs les plus attractifs sur l'année. Et sur les quatre premiers mois de l'année 2017, 48,25 millions d'euros ont été investis dans ce domaine, soit 53% de plus qu'à la même période en 2016. La télémédecine a d'ailleurs été largement vantée par le Premier ministre, Edouard Philippe et la ministre de la Santé Agnès Buzyn lors de la présentation de leurs feuilles de route concernant la santé. "La télémédecine doit être déployée, pour des consultations en dermatologie, en psychiatrie par exemple. Des expérimentations auront lieu dans les prochains mois", a assuré la ministre de la Santé alors qu'elle était interrogée sur la question de la désertification médicale. [Avec Frenchweb.fr et Challenges.fr]