"Aidez-nous à sauvegarder les valeurs du soin" : l'appel des soignants aux députés sur la fin de vie
Dans une tribune, publiée lundi 27 mai, plusieurs organisations de soignants appellent les députés à entendre leurs voix sur le projet de loi sur la fin de vie. Ce dernier, arrivé ce lundi à l'Assemblée nationale, est "en rupture profonde avec les réalités" auxquelles les signataires font face au quotidien.
Alors que l'examen du projet de loi sur la fin de vie a débuté lundi 27 mai à l'Assemblée nationale, plusieurs associations, fédérations et syndicats de soignants appellent les députés à entendre leurs voix. "Le texte qui vous est proposé est en rupture profonde avec les réalités que nous, aides-soignants, infirmiers, psychologues, médecins, expérimentons au quotidien avec les personnes que nous soignons. Il est aussi en grand décalage avec les promesses faites ces derniers mois", écrivent ces organisations dans une tribune, publiée dans Le Figaro.
Ces dernières, qui comptent notamment Convergence infirmière, la Société française de pédiatrie (SFP), le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI) ou encore l'UFML, estiment que le projet de loi "adopté par la commission spéciale" mi-mai manque de garde-fous. Ce texte offre "la possibilité d’accéder à la mort provoquée, assistée par des soignants, dans les situations médicales les plus larges y compris celles qui laissent espérer plusieurs années de vie", notent les signataires.
Fin de vie : les députés approuvent le projet de loi en commission
"On nous annonçait des 'critères stricts' d’éligibilité", mais "la commission spéciale nous a malheureusement donné raison bien plus tôt que nous ne l’aurions imaginé", poursuivent-ils. Le 17 mai, les députés ont, en effet, supprimé en commission le critère selon lequel les malades doivent avoir leur "pronostic vital engagé à court ou moyen terme" pour pouvoir bénéficier de l'aide à mourir, et l'ont remplacé par la notion d'affection "en phase avancée ou terminale".
"Une vision profondément individualiste et libertaire"
Les critères de ce projet de loi sont "larges et flous", pour ces organisations de soignants. Avec ce texte– tel qu'il a été présenté lundi à l'Assemblée, "donner la mort devient 'un soin' et le choix de l’euthanasie ou du suicide assisté est laissé à la personne sans considération des conditions familiales, sociales ou financières de ce choix, écrivent les signataires. Aucun critère strict n’est non plus défini quant à la personne qui devra effectuer le geste mortel."
Selon eux, le projet de loi proposé aux députés "répond à une vision profondément individualiste et libertaire de notre société". Ils déplorent aussi le manque "d'équilibre" de ce texte, pourtant promis par Emmanuel Macron, ainsi que la procédure retenue afin d'accéder à l'aide à mourir. Celle-ci est, pour les signataires, trop "expéditive". "Une simple demande orale, formulée sans témoin, ce qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, devant 'un médecin' indéfini, sans procédure collégiale, suffira à obtenir la mort…", alarment-ils. De plus, "des proches pourront pratiquer le geste mortel, ce qu’une fois encore, aucun autre pays n’a ne serait-ce qu’envisagé, avec les risques de traumatismes ou d’abus que cela pourrait entraîner".
Pour ces associations, fédérations et syndicats, le projet de loi actuel "instaure une profonde fracture". Ils appellent donc les députés à les écouter. "Aidez-nous à sauvegarder les valeurs du soin", lancent-ils : "Elles portent en elles les valeurs de la société de demain."
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