La CPAM veut dérembourser les soins de ce médecin, ses patientes lancent une pétition

06/10/2023 Par Louise Claereboudt
Assurance maladie / Mutuelles
La Caisse primaire d'Assurance maladie de Rouen entend ne plus rembourser les séances de stimulation magnétique pratiquées par un neurologue libéral de 77 ans. En cause : cet acte n’a pas été utilisé par le médecin comme outil diagnostic mais en thérapeutique. Ses patientes crient à la "stupidité bureaucratique".
 

Par cette décision, la CPAM de Rouen "condamne des femmes au handicap", dénoncent les patientes du Dr Dominique Parain, neurologue de 77 ans, dans une pétition en ligne. Le praticien, qui exerçait au CHU de la ville aux cent clochers avant de s’installer en libéral il y a dix ans, risque de voir ses séances de stimulation magnétique déremboursées par l’Assurance maladie. C’est en tout ce que compte faire la CPAM, indiquent nos confrères de France Bleu. En effet, cet acte médical a été utilisé par le neurologue sur ses patientes comme un outil thérapeutique et non comme un outil diagnostic. En thérapeutique, la méthode n’a pas été validée par les autorités sanitaires françaises. "Ce refus [de prise en charge, NDLR] n'est guidé ni par des motifs de santé (cette technique ne présente aucun effet secondaire et montre des résultats exceptionnels), ni par des raisons économiques : son remboursement dans l'usage thérapeutique est de 73 euros par acte associé à une consultation - un coût dérisoire comparé aux dépenses habituelles liées au handicap", écrivent ces patientes, qui souffrent de troubles neurologiques fonctionnels, souvent associés à un syndrome Ehlers Danlos, qui touche en majorité les femmes. Elles dénoncent une "stupidité bureaucratique". "Nous sommes en plein scénario Orwellien puisque la CPAM de Rouen accepte sans problème de rembourser cette technique... tant qu'elle est utilisée comme outil diagnostic !" "Mais si elle permet à une jeune fille, jusque-là en fauteuil roulant, de retrouver une mobilité parfaitement normale, la prise en charge s'arrête ! Pourquoi ? Parce qu’elle ne correspond pas au but recherché dans la codification de l'acte", s’insurgent-elles. En utilisant la stimulation magnétique en thérapeutique, le Dr Parain, "dont la réputation n’est pourtant plus à faire après 40 années d’exercice au CHU", a permis une "avancé spectaculaire" dans la prise en charge de leurs troubles, loue le collectif de patientes. "Des centaines de personnes" suivies par le neurologue "retrouveraient une situation de handicap à cause de cette décision attentatoire à leur santé physique et morale", assurent-elles. Ces patientes ont ainsi rédigé "plus de cent lettres" envoyées à leur praticien et destinée à la CPAM, dans lesquelles elles décrivent "combien cette technique a changé leur vie". "Nous subissons une triple peine ! Un handicap terriblement difficile à vivre au quotidien, une errance médicale épuisante, démoralisante, et maintenant, un abandon pur et simple." "Les gens responsables du désastre annoncé ne pourront se cacher derrière les procédures administratives et devront assumer d'avoir, en toute connaissance de causes, brisé des milliers de vies", lancent-elles enfin. "Si les gens ne peuvent plus venir ici parce que ce n'est plus remboursé, et bien ils vont retomber dans le handicap et ça coûtera plus cher à la Sécurité sociale parce qu'il y aura à nouveau des hospitalisations et des examens complémentaires et que l'errance médicale, ça coûte cher", a de son côté réagi le Dr Parain auprès de France Bleu. La médecin de l’Assurance maladie de Rouen, la Dre Martine Morvan a quant à elle expliqué qu’il était nécessaire "qu'il y ait une validation objective et scientifique de l'intérêt d'une thérapeutique pour qu'elle puisse être inscrite effectivement à la nomenclature et faire l'objet d'un remboursement". Selon France Bleu, la procédure engagée par la CPAM n'est pas encore terminée car le Dr Parain a jusqu'à la fin du mois pour plaider sa cause. La pétition a d’ores et déjà recueilli près de 2500 signatures.  [avec France Bleu]

21 commentaires
7 débatteurs en ligne7 en ligne
Photo de profil de Alexis Bourla
83 points
Psychiatrie
il y a 1 an
Je me permets de vous signaler une erreur de nature à entacher la compréhension de votre article, erreur qui a des répercutions directes puisque les commentaires de l'article prouvent qu'ils n'ont pas
Photo de profil de Thierry Lemoine
2,2 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Ce qui est pathétique dans cette histoire, c'est que d'habitude la sécu se réfugie derrière la notion d'économie pour supprimer une inscription au remboursement d'un acte ou d'un produit Ici, elle a
Photo de profil de François `Volff
760 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 an
Si c'est une séance par jour, c'est cher. Si c'est une par mois, on compte un CS. Si les patientes se disent améliorées, ça vaut le coup de faire une étude. Après tout, quand on n'a rien, on essaye et
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Enquête
Soirées d'intégration en médecine : le bizutage a-t-il vraiment disparu ?
02/10/2024
2
Concours pluripro
Maisons de santé
Objectif 4000 maisons de santé : les enjeux des prochaines négociations conventionnelles
07/11/2024
2
Podcast Histoire
"Elle aurait fait marcher un régiment" : écoutez l’histoire de Nicole Girard-Mangin, seule médecin française...
11/11/2024
0
Histoire
Un médecin dans les entrailles de Paris : l'étude inédite de Philippe Charlier dans les Catacombes
12/07/2024
1
Portrait
"On a parfois l’impression d’être moins écoutés que les étudiants en médecine" : les confidences du Doyen des...
23/10/2024
5
La Revue du Praticien
Addictologie
Effets de l’alcool sur la santé : le vrai du faux !
20/06/2024
2