Négos conventionnelles : "Je ne vois pas quel syndicat accepterait de signer"
"Nous avions compris que cet avenant 9 devait donner des éléments substantiels aux médecins, sachant que le PLFSS va valider le fait que la prochaine convention va être repoussée à 2022/2023. Il était impératif de revaloriser certains points, je pense notamment à la visite", a commenté le Dr Jacques Battistoni, président de MG France, à l'issu de la séance de négociations. Mais le compte n'y est pas. Si l'Assurance maladie propose bien de revaloriser les visites, elle précise que les majorations se feront en fonction de l'âge des patients. Elle créerait une visite gériatrique pour les patients de plus de 75 ans en ALD (dans la limite de 3 par an) qui serait valorisée à 40 euros + 10 euros de MD, soit 50 euros. Elle envisage également la revalorisation de la Majoration de déplacement pour les patients de plus 85 ans à 15 euros (augmentation de 5 euros), hors visite longue, soit 40 euros pour une visite à domicile.
"Ce système est trop compliqué avec des majorations variables en fonction de l'âge", s'agace le Dr Battistoni. D'autant que la présidente de la FMF, le Dr Corinne Le Sauder, constate "un rétropédalage sur la visite longue" qu'il était question de revaloriser lors des premières séances et qui a disparu des annonces de la Cnam. Au-delà des propositions "qui représentent du saupoudrage" pour le Dr Sauder, comme la rémunération des soins non programmés dont "le tarif devient indécent", la présidente de la FMF s'insurge de ne découvrir le document de travail de l'Assurance maladie que quelques instants avant le début de la séance.
La revalorisation de la télé-expertise est également une déception pour les syndicats. Si la Cnam veut en simplifier le recours en fusionnant les deux niveaux pour un médecin qui effectue la télé-expertise, à hauteur de 20 euros, dans la limite de deux actes par an et par patient, elle a supprimé le niveau 3. "Il manque un niveau pour une téléexpertise complexe", s'insurge le Dr Philippe Vermesch, président du SML, qui ne peut s'empêcher de rappeler qu'"en Suède la téléconsultation est rémunérée 100 euros".
Alors que la CSMF avait quitté la table des négociations en octobre dernier, le syndicat est tout de même convié à un entretien bilatéral avec Thomas Fatôme, directeur de la Cnam. "Nous allons lui redire ce que nous avons déjà dit. Ces 500 millions proposés par l'Assurance maladie sont de l'enfumage. Il y a déjà 175 millions qui seront alloués au numérique. On est donc sur un budget de 300 millions. Rien n'a évolué", tacle le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. "La seule chose que l'on peut me reprocher, c'est d'avoir eu raison trop tôt. Nous avions vu le mépris du Gouvernement vis-à-vis de la médecine libérale", constate le Dr Ortiz.
Car s'il y a bien un point qui fait l'unanimité parmi les syndicats, c'est cette sensation de "manque de respect" de la médecine de ville alors que l'hôpital a obtenu 8 milliards. "Le Gouvernement s'essuie les pieds sur la médecine libérale comme sur un paillasson et quand ils ont besoin de nous ils viennent nous chercher", s'emporte le Dr Vermesch.
A moins d'une semaine des entretiens bilatéraux, aucun syndicat ne se déclare favorable à une signature des négociations conventionnelles. "À l'approche des élections URPS, je ne vois pas qui va pouvoir signer", conclut Corinne Le Sauder. De son côté, Jacques Battistonin propose "des prolongations des négociations".
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