Adénome de Conn : de nouvelles mutations prédisposantes
Les adénomes de Conn qui sécrètent de l’aldostérone sont à l’origine d’un hyperaldostéronisme primaire et d’une hypertension artérielle. Des mutations du gène du canal potassique KCNJ5, à l’origine d’une dépolarisation de la cellule et d’un influx du calcium dans la cellule de la zone glomérulée de la surrénale, sont à l’origine de 40 % environ des adénomes de Conn. Recherchant d’autres mutations pouvant être à l’origine d’adénomes de Conn, le groupe de Richard Lifton vient de trouver que des mutations somatiques d’un canal calcique pouvaient aussi être à l’origine d’un hyperaldostéronisme par adénome de Conn (1). Il s’agit de mutations du gène CACNA1D qui code le canal calcique voltage-dépendant en question et qui vont entraîner des mutations de la glycine en position 403 dans un cas, et de l’isoleucine en position 470, dans 4 autres cas. Ces 5 mutations somatiques ont été trouvées sur un total de 43 adénomes de Conn qui ne présentaient pas de mutation de KCNJ5. Les deux mutations conduisent à une activation du canal pour un potentiel moins dépolarisé. De plus, la glycine en position 403 altère aussi l’inactivation du canal. Ces effets sont susceptibles d’augmenter l’influx du calcium dans la cellule surrénalienne de la glomérulée, ce qui constitue un stimulus suffisant pour produire de l’aldostérone mais aussi pour entraîner une prolifération des cellules conduisant à un adénome. Par ailleurs, chez deux enfants qui présentaient un syndrome jusque là inconnu associant un hyperaldostéronisme primaire et des anomalies neuromusculaires, ils ont aussi identifié une mutation germinale de novo du gène CACNA1D. Une autre équipe, britannique cette fois, rapporte dans le même numéro de Nature Genetics des résultats similaires (2). Après avoir réalisé le séquençage de l’exome de 10 adénomes de Conn dont le phénotype histologique était un peu particulier puisque l’adénome était constitué de cellules ressemblant à des cellules de la zone glomérulée (alors que la plupart du temps les adénomes de Conn sont constitués de cellules qui ressemblent plutôt à des cellules de la zone fasciculée), ils ont identifié, dans 9 cas, des mutations somatiques soit de ATP1A1 (qui code pour la sous-unité a1 de la Na-K-ATPase), soit de CACNA1D. Ces adénomes sont plutôt de petite taille (diamètre <1 cm de diamètre), et sont souvent mal visualisés par l’imagerie conventionnelle surrénalienne.
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