"Je suis sage-femme. Étymologiquement celle « qui a la connaissance de la femme ». Aujourd’hui, ma profession va mal, et elle s’est mobilisée, mardi dernier, pour dire sa colère d’être une profession médicale qui n’est pas reconnue comme telle. Une profession médicale qui a obtenu du Ségur de la santé une revalorisation de 183 euros... comme les infirmières et les aides-soignantes. Je suis une professionnelle médicale, inscrite au Livre I du code de la santé publique, et je prends en charge les femmes pour leur suivi gynécologique (dépistage, contraception, prescriptions, IVG) et leur suivi obstétrical (grossesse, accouchement, post-partum mère et enfant[s]). Cela, de manière autonome, en dehors de toute pathologie, en collaboration lorsque c’est nécessaire, en cas de pathologie ou de restrictions liées à ma liste de prescription.
« Une femme, une sage-femme. » Comment appliquer cette préconisation des sociétés savantes, largement plébiscitée par les patientes, quand on voit les cadences infernales dans les établissements de santé ? Comment accepter, pour une profession responsable de la vie des mères et des enfants, dont 80 % naissent sans nécessité d’intervention spécialisée, un salaire plafonnant à 2 000 euros brut en début de carrière, après cinq années d’études exigeantes ? Une rémunération indécente qui explique en partie la crise des vocations actuelle. Sans parler de notre statut hybride de personnels médicaux parmi les personnels non médicaux hospitaliers, qui nous empêche d’avoir une activité mixte, clinique et théorique. Ou encore des statuts dans le privé et en PMI, tout aussi inadaptés et contraires à notre code de déontologie... Et cela, alors que nous avons accepté de nouvelles compétences – la gynécologie en 2009, l’orthogénie en 2016 – pour pallier les besoins dans les territoires. Alors que nous proposons, en outre du suivi médical, un accompagnement à la fois social et éducatif. Chaque jour, 2 000 enfants naissent en sécurité grâce aux soins attentifs des sages-femmes. Il est grand temps de reconnaître pleinement les services que nous rendons quotidiennement. Nous sommes sages-femmes, majoritairement des femmes au service des femmes. Et nous ne voulons plus que cela nous porte préjudice."
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