Matériel, préparations, déplacements pour les stages… La facture grimpe rapidement, mettant à rude épreuve la résilience financière des futurs médecins. De la quatrième à la sixième année, l’étudiant en médecine endosse le rôle d’étudiant hospitalier, une fonction intermédiaire entre le statut d’étudiant et celui d’agent de la fonction publique hospitalière. Cette période implique un engagement de 36 mois de stage au cours de leur deuxième cycle, à raison de cinq demi-journées de 4,5 heures par semaine en moyenne. Cette cadence rend presque impossible la conciliation avec un travail rémunéré, mettant en péril leur équilibre financier. La rémunération, elle, reste dérisoire, oscillant entre 2,21 euros net/h en quatrième année et 3,32 euros net/h en sixième année. Un écart flagrant avec les autres stagiaires du deuxième cycle, qui bénéficient d’une rémunération minimale de 4,05 euros net/h.
L’enquête de précarité de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) lève le voile sur une réalité sombre: 42% des étudiants hospitaliers ont envisagé d’abandonner leur parcours pour des raisons financières. Dans un contexte où le besoin en médecins n’a jamais été aussi prégnant, la pression financière pousse les étudiants à l’épuisement. Si le développement des stages hors CHU est primordial, permettant une décentralisation et offrant aux étudiants une immersion dans divers environnements, leur impact financier ne peut être ignoré. Bien que les étudiants puissent prétendre à une indemnité de 130 euros pour des stages à plus de 15 km de leur UFR, cette somme est souvent insuffisante au regard des dépenses réelles. Sans parler des obligations universitaires, qui exigent des déplacements fréquents. Pourtant, les autres agents publics bénéficient, eux, d’une indemnité kilométrique ajustée selon une grille tarifaire. Face à l’inflation croissante et aux besoins urgents, il est crucial de revoir le système actuel. Notre enquête précarité 2023, attendue ce 2 octobre, décrira la situation financière catastrophique des étudiants en médecine et proposera également des solutions pour y remédier. Il est temps de repenser notre modèle, de soutenir adéquatement nos futurs médecins et de garantir que la vocation médicale ne soit pas freinée par des contraintes financières."
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