A bout, l'ensemble des internes de chirurgie orthopédique d'un hôpital de Strasbourg placés en arrêt maladie
Le Syndicat autonome des internes d'Alsace (Saia) lance l'alerte : lundi 17 juillet, l'ensemble des internes en chirurgie orthopédique de l'hôpital Hautepierre, dans le Bas-Rhin, ont été placés en arrêt maladie, en raison d'une "détresse psychologique intense”. “On a posé des questions et 70% des internes en orthopédie ont admis être déprimés, tous étaient en grande souffrance avec notamment le sentiment de maltraiter leurs patients. L’un d’eux m’a demandé si ‘un suicide ferait enfin bouger les choses ?’ On a alerté la direction générale sur l’urgence d’une solution pérenne, mais rien n’est venu”, rapporte Clémence Guégan, présidente du Saia à nos confrères de Rue89 Strasbourg.
Si les internes sont épuisés, c’est notamment à cause des effectifs particulièrement critiques, en particulier dans le service SOS Main. Depuis le 2 mai dernier, seuls quatre puis trois internes étaient présents alors que dix sont nécessaires. Le Saia a rédigé un communiqué, diffusé jeudi 20 juillet, dans lequel il alerte sur ce “sous-effectif chronique des internes (...), avec un effectif réduit de 60% dès le début du semestre”. Le service a été contraint de fermer ses portes la nuit et les week-end, mais la permanence des soins convenue avec l’ARS Grand Est “oblige un accueil des personnes consultant aux urgences de l’hôpital de Hautepierre pour un motif découlant de l’activité de la main”, indique le communiqué. Il mentionne aussi que cette activité supplémentaire est alors “imposée à l’interne d’orthopédie de garde consultant seul au secteur traumatologique des urgences de l'hôpital”. Pour la présidente du Saia, ces gardes ne doivent pas nécessairement être effectuées par des internes. “Quand une personne vient aux urgences avec une entorse simple, un avis de l’interne orthopédique de garde n’est pas forcément nécessaire…”, fait-elle valoir. Le syndicat a recueilli le témoignage d’internes s’estimant “dépassés lors de ces gardes”.
Le Saia rappelle que “les internes d’orthopédie dépassent largement la réglementation concernant le temps de travail des internes avec des semaines excédant en moyenne 60 heures, sans récupération”. D'après la dernière étude effectuée par l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), publiée en mai 2020, les internes de cette spécialité travaillent en moyenne 77,29 heures par semaine.
“Nous rappelons avec force que les internes sont des professionnels en cours de spécialisation et qu’ils ne sont pas une variable d’ajustement au système au maintien de l’activité hospitalière défaillante”, a tenu à rappeler le Saia, dans son communiqué. Il déclare saisir la direction de l’hôpital et l’ARS Grand-Est “pour qu’ils assurent leur devoir de mise en place d’une permanence des soins efficiente des établissements, sans qu’elle se fasse au détriment de nos jeunes professionnels de santé”. Sans solution “pérenne”, “efficace” et “conforme à la réglementation”, le Saia menace d’entamer “des procédures contentieuses”.
Contactés par nos confrères de Rue89 Strasbourg, les Hôpitaux universitaires de Strasbourg ont indiqué qu’une “réunion pluri-professionnelle est en cours sur le sujet”.
[Avec Rue89 Strasbourg]
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