Doubler le nombre d'étudiants en médecine ? Cette hausse doit s'accompagner de "créations de postes", préviennent les doyens
Alors que Gabriel Attal a annoncé, samedi 6 avril, vouloir "quasi" doubler le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine d'ici 2027, le président de la Conférence nationale des doyens de facultés de médecine s'inquiète de cette "augmentation massive". Cette hausse doit être suivie de "créations de postes de professeurs de médecine, de maîtres de conférences et de chefs de clinique" pour encadrer ces nouveaux effectifs, a indiqué, lundi 8 avril, le Pr Benoît Veber.
Faire passer le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine de 10 800 à 16 000 en 2027 ? Cette augmentation, promise par Gabriel Attal samedi 6 avril, nécessite une nette hausse des moyens accordés aux facultés de médecine, a tenu à rappeler, lundi 8 avril, le Pr Benoît Veber. Interrogé par l'AFP, le président de la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine estime qu'"il va falloir" que le Premier ministre "se donne les moyens de sa politique en accompagnant cette augmentation massive" du nombre de places en médecine par "des créations de postes de professeurs de médecine, de maîtres de conférences [et] de chefs de clinique pour qu'on puisse les encadrer".
Samedi 6 avril, Gabriel Attal a en effet affirmé vouloir élever le nombre d'étudiants en deuxième année de médecine de près de 10 800 aujourd'hui à 16 000 d'ici 2027. "Il y avait 8 150 places de médecine à l’université en 2017, on est monté à 10 000 en 2023. On va augmenter encore ces chiffres pour les porter à 12 000 par an en 2025 et jusqu’à 16 000 par an en 2027", a indiqué le chef de file du Gouvernement, dans la presse régionale. Un "quasi doublement" des effectifs, qui ne devrait toutefois pas produire ses effets avant 2035.
"Les facultés sont très proches de leur plafond en capacité de formation"
Selon le Pr Benoît Veber, "la plupart des facultés sont actuellement vraiment très proches de leur plafond en capacité de formation". Cette hausse de près de 50% représente donc "un défi" pour les structures universitaires "et, potentiellement, une inquiétude si elles ne sont pas accompagnées".
Ces craintes sont, en partie, partagées par Jérémy Darenne, président de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). "Parmi ces mesures, certaines sont démagogiques, d'autres irréalistes", a réagi le représentant syndical sur le réseau social X, en réponse aux annonces de Gabriel Attal. "On peine déjà à trouver des stages ou à faire passer des Ecos pour 8 000 étudiants, comment on pourrait doubler ce nombre en si peu de temps ?", a-t-il insisté.
Parmi ces mesures, certaines sont démagogiques, d'autres irréalistes. On peine déjà à trouver des stages ou à faire passer des #ECOS pour 8 000 étudiants, comment on pourrait doubler ce nombre en si peu de temps ? Je vous propose que nous en discutions. https://t.co/WL6xPfwNDp
— 𝙅𝙚́𝙧𝙚́𝙢𝙮 𝘿𝙖𝙧𝙚𝙣𝙣𝙚 | 𝘼𝙉𝙀𝙈𝙁 (@Jeremy_Darenne) April 7, 2024
Fin 2020, Emmanuel Macron a mis fin au numerus clausus dans le cadre de la réforme du premier cycle des études de médecine (R1C). Ce dernier a été remplacé par le numerus apertus. Toutefois, dans les projections actuelles de l'Etat - compilées par la Drees -, les effectifs de médecins en France stagneront jusqu'en 2027 - du fait notamment d'importants départs en retraite - avant de repartir à la hausse jusqu'en 2050. La densité médicale standardisée, qui tient compte du vieillissement de la population, devra elle attendre 2032 avant de progresser à nouveau, précise l'AFP.
Pour le Pr Benoît Veber, également doyen de la faculté de médecine de Rouen, il est donc urgent de rendre plus attractifs financièrement les postes des médecins enseignants. "Il y a des disciplines qui dans deux, trois, quatre ans n'auront plus de professeurs" dans certaines villes, comme "la dermatologie, la chirurgie pédiatrique, et l'anatomo-pathologie", a-t-il souligné.
[avec AFP]
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