Encore plus de 1000 redoublements cette année : pourquoi les internes ne seront pas aussi nombreux qu'attendu en 2025
[INFO EGORA] Entre 10 500 et 11 000 étudiants en sixième année de médecine étaient attendus cette rentrée. Ils devaient compenser la baisse de 1 000 internes observée cette année. En réalité, seuls 9 600 carabins ont fait leur rentrée en sixième année en septembre. Ce chiffre, en deçà des estimations, pourrait avoir des conséquences sur l'hôpital dès l'an prochain.
Lundi 4 novembre, près de 8 500 étudiants ont fait leurs premiers pas comme internes dans les hôpitaux. C'est près de 1 000 en moins que l'année précédente. Une baisse qui a fait polémique ces derniers mois, alors que ces apprentis médecins représentent 40% du personnel médical hospitalier français. L'ancien ministre de la Santé, Frédéric Valletoux, avait assuré mi-août que cette diminution n'était qu'un "trou d'air" qui serait vite "rattrapé" avec l'arrivée d'un plus grand nombre d'étudiants en sixième année de médecine.
Une position partagée par la Conférence nationale des doyens de médecine. Début septembre, l'institution assurait qu'entre 10 500 et 11 000 carabins étaient attendus en sixième année cette rentrée. Un chiffre largement surestimé puisque 9 592 étudiants en médecine ont, en réalité, été convoqués aux EDN en octobre*. Il faut y ajouter une poignée d'autres étudiants ayant échoué aux Ecos en mai dernier et qui repasseront ces épreuves au printemps 2025.
Au total, "on va […] être sur une promo[tion] de 9 600" carabins cette année 2024-2025, nous glissait mi-octobre le Pr Veber, à la tête de la Conférence des doyens. Ce chiffre ne prend toutefois pas en compte les potentiels étudiants en sixième année qui redoubleront volontairement au cours de l'année, ainsi que ceux qui échoueront faute de notes suffisantes aux EDN et aux Ecos.
Plus de redoublements en cinquième année
Ce nombre moindre de carabins en sixième année - par rapport à celui estimé - s'explique par un fort taux de redoublement en cinquième année de médecine. "Il était de 3% en 2022, 7% en 2023 et est de 8,6% en 2024. Ainsi, un peu plus de 1 000 étudiants redoublent leur DFASM2", explique à Egora le Doyen des doyens, qui y voit "un problème pas simple à résoudre".
En 2023, de nombreux étudiants en cinquième année avaient fait le choix de redoubler pour éviter d'être les premiers à supporter la réforme du deuxième cycle des études médicales (R2C). Mise en place il y a un an, elle est venue réviser en profondeur le concours de l'internat, remplaçant les célèbres ECN par les EDN et instaurant des épreuves orales, les Ecos. Alors que les ECN se déroulaient en juin, les EDN se tiennent en octobre ; un changement conséquent pour les étudiants qui ont vu leur période de révisions réduite de plusieurs mois par rapport à l'ancienne formule. Ce plus court temps de préparation et la crainte d'être une "promo crash test" ont donc favorisé les redoublements en cinquième année en 2023.
En toute logique, cette tendance aurait dû s'inverser en 2024, un an après la mise en place de cette réforme - les étudiants en ayant désormais une meilleure connaissance. Mais il n'en est rien ; au contraire, le taux de redoublement en cinquième année s'est accru cette année. Comment l'expliquer ? Pour Benoît Veber, ce taux est directement lié au calendrier instauré par la R2C. "Nous avons diminué le programme de 20% mais les EDN se passent [plus tôt au cours de la sixième année], avance le président de la Conférence des doyens. Les étudiants doivent donc apprendre le programme en deux ans et non pas trois ans avec les ECN qui se passaient en juin. Je pense que c'est là le problème. Il[s] [préfèrent redoubler pour] se donne[r] une année de plus pour ingurgiter le programme du deuxième cycle."
Une baisse qui "ne posera pas de problème"
Contactée pour apporter des éléments de réponse supplémentaires, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) n'a pas encore répondu à nos sollicitations.
Alors que le système de santé doit déjà supporter une baisse de près de 1 000 internes cette année, ces chiffres renforcent les craintes d'impacts sur l'organisation des hôpitaux et la prise en charge des patients. Le Doyen des doyens se veut, lui, rassurant. Cette promotion de près de 9 600 étudiants – qui doivent devenir internes en novembre 2025 - "ne posera pas de problème", soutient Benoît Veber. Comparé aux années précédentes, "il n'y aura jamais eu autant d'internes", insiste-t-il. "Nous étions à 9 400 en 2023 et s'était déjà la promotion la plus haute. On augmente donc, mais plus lentement que ce qui était initialement prévu."
*L'une des deux épreuves qui composent le nouveau concours de l'internat.
La sélection de la rédaction
Faut-il prévoir deux stages en libéral pour tous les internes de spécialité ?
Michel Delvallez
Oui
Évident Ils y apprennent plus leur métier que ds des services hyperspecizlises qui ne leur apportent rien... Lire plus