Fresques des salles de garde : une centaine de médecins appellent à ne pas céder à "l'extrémisme idéologique"
17 janvier 2022. La Direction générale de l’offre de soins (DGOS) envoyait aux ARS une instruction destinée aux hôpitaux demandant le retrait "de l’ensemble des fresques à caractère pornographique et sexiste" dans les salles de garde des internats. Une suite logique après l’annonce, en 2021, de la mise en place d’une politique de "tolérance zéro" par les ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur de l’époque, Olivier Véran et Frédérique Vidal. Si certaines ont déjà été retirées sur décision de justice, "il existe encore au sein de différents établissements des fresques qui présentent des niveaux différents d’expression et qui de ce fait suscitent ou non la controverse", indique la DGOS. Leur maintien peut être considérée comme "un agissement à connotation sexuelle, subi par une personne et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité ou de créer un environnement intimidant, hostile, dégradant, humiliant ou offensant".
"Ces décisions administratives et judiciaires ont été prises sous la pression de minorités visibles et bruyantes qui, cette fois-ci, ont ciblé l’un des symboles de l’appartenance des médecins en formation à leur structure hospitalière : la salle de garde", dénoncent une centaine de médecins dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron et à François Braun publiée sur le site atlantico.fr. Pour ces urologues, chirurgiens ou encore anesthésistes, ce retrait s’attaque à "une partie de l’histoire médicale de notre pays". Ces salles de garde ont été créées au sein des internats pour être un "lieu de vie", "à la fois réfectoire, salle de détente et exutoire", rappellent-ils. "Les internes, praticiens en formation et en première ligne pendant leurs longues journées et nuits de travail, face à la maladie, la mort ou encore la misère sociale, y trouvaient, et y trouvent encore, un espace de liberté et de défoulement, dans un décor imaginé par leurs prédécesseurs ou par eux-mêmes." Si elles ont "perdu de leur prestige", elles demeurent "un défouloir où les règles de vie sociale et les rapports hiérarchiques sont temporairement modifiés, voire suspendus, grâce aux rituels et aux décors". Les fresques, "expression de fantasmes et d’une forme de transgression", sont "volontairement outrancières". Leur but est de "choquer les non-initiés". Nudité, actes sexuels mettant en scène des praticiens de l’hôpital, elles constituent à leurs yeux un patrimoine. A ceux qui y voient "une image dégradante de la femme", les signataires répondent que "depuis toujours, la femme a été représentée dans la peinture et dans la sculpture, avec une certaine dimension érotique". Ils réclament que "le symbolique de la salle de garde et ses fresques soient respectées et maintenues". "Si les médecins figurant sur les fresques en sont tous fiers, les étudiantes et étudiants en médecine ne sont pour autant pas tenus de [les] fréquenter si l’ambiance, les rituels et décorations ne leur conviennent pas." Ces médecins reconnaissent toutefois que la perception a changé. "Si ces fresques, qualifiées davantage de pornographiques que d’érotiques par leurs détractrices et détracteurs, sont anachroniques et choquent réellement les médecins français du XXIème siècle, alors prenons-en acte et réagissons en conséquence." Mais "faisons preuve d’un peu plus d’humilité et d’un peu moins d’extrémisme idéologique ; cachons-les des regards sous de prudes draperies ou cloisons de bois, mais ne commettons pas d’acte de destruction irréparable", implorent-ils. "Vous-même, fils d’un médecin universitaire qui a sans doute fréquenté avec bonheur les salles de garde, accepterez-vous que l’administration française ampute cet espace de liberté de ses fresques patrimoniales ?", lancent-t-ils au chef de l’Etat. "Ces fresques sont nos ‘statues’ et elles représentent un pan de notre histoire de la médecine. Alors de grâce, Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, n’acceptez pas qu’elles soient ‘déboulonnées’ !" [avec atlantico.fr]
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