Plus d'un interne sur 10 sur la voie de l'alcoolisme

22/05/2018 Par Catherine le Borgne

Une étude menée auprès de 5 800 internes de l'AP-HP de Paris, toutes spécialités confondues, fin 2016 (70 % de taux de réponses) démontre que 36 % d'entre eux présentent un trouble anxieux probable ou certain, et 11 % un trouble dépressif probable ou certain.  En outre, près de 11 % des internes nécessiteraient une intervention brève dans le cadre de leur consommation abusive d'alcool.

A l'occasion d'un congrès de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), les résultats d'une étude inédite sur la prévalence des consommations de substances psychoactives des internes ont été présentés, relate Hospimedia. Il s'agit de la première étude de cette ampleur en France auprès de "vieux étudiants", ayant la particularité d'être aussi des jeunes professionnels avec une lourde charge de travail et très peu suivis médicalement.   Taux particulièrement inquiétants   L'étude ne montre pas de différences significatives de la consommation d'alcool par les internes par rapport à la population générale. Mais "quand on parle de problématiques addictives, les [troubles] plus sévères pourraient arriver avec l'âge, et l'on a quand même des taux de troubles anxieux qui sont particulièrement inquiétants pour l'âge puisqu'en population générale, ce serait plus aux alentours de 10%". Ces troubles étant un facteur de vulnérabilité net, il s'agit donc "clairement d'une population qui est à surveiller", a expliqué le Dr Geneviève  Lafaye, psychiatre-addictologue au Certa (Centre de recherche et de traitement des addictions) de l'hôpital Paul-Brousse (AP-HP), qui a coordonné l'enquête avec la mission Fidès, chargée de la prévention des addictions pour ls personnels médicaux et non médicaux de l'AP-HP. La mission prévoit de mener une nouvelle étude en collaboration avec l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), précise hospimedia.fr. Le dépouillement du questionnaire Alcohol, smoking and substance involvement screening test (Asist) a ainsi démontré que 10,8 % des internes nécessiteraient une intervention brève dans le cadre de leur consommation d'alcool qui correspond à un usage abusif. Ceux qui nécessiteraient une intervention plus spécialisée et plus lourde restent marginaux (0,5%). Ainsi, 88,7% des répondants n'ont pas a priori de problématique addictive concernant l'alcool, a détaillé le Dr Geneviève Lafaye. D'autre part, les résultats du questionnaire Hôpital anxiety and depression scale montrent que 36% des internes présentent un trouble anxieux probable ou certain et 11% un trouble dépressif probable ou certain. Cette enquête confirme que les heures travaillées sont "pourvoyeuses d'une prévalence plus importante de troubles anxieux". Ainsi, pour un temps de travail hebdomadaire inférieur à 40 heures, la prévalence de trouble anxieux est de 29,2%. Il grimpe à 37,5% pour un temps compris entre 41 et 59 heures hebdomadaires et à 45% pour une charge de travail supérieure à 60 heures par semaine. À relier aussi avec un point notable dans les résultats Assist montrant que le taux d'internes qui nécessiterait une intervention brève double entre la population des étudiants en 1re année d'internat (6,5%) et celle entre la 2e et 5e année (12,6%), soit un "effet net montré par leurs prises de fonctions sur la consommation d'alcool". Cet effet se retrouve dans la prévalence des troubles anxio-dépressifs. Et en croisant l'ensemble des données, ce qui ressort de manière "nettement significative c'est que plus on va être anxieux, plus on va consommer de l'alcool". [Avec hospimedia.fr]


   

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