Psychiatrie : plus d'un tiers des étudiants en médecine ont "peur" de cette spécialité
La psychiatrie effraye jusque sur les bancs des facultés de médecine. C'est ce que révèle une étude réalisée par l'institut CSA pour le Collège national des universitaires en psychiatrie (CNUP) et deux associations étudiantes (ANEMF et AFFEP*) auprès de plus de 2 000 personnes, dont 600 étudiants en médecine. Publiée mardi 23 janvier, elle dévoile que 37% des étudiants en médecine disent "avoir peur" de la psychiatrie, un nombre qui chute à 24% s'ils ont déjà effectué un stage dans cette spécialité.
Alors que les besoins augmentent en France, les étudiants boudent cette spécialité. En 2023, 67 des 547 places d'internat en psychiatrie sont restées vacantes. Pour cause : d'après l'étude du CSA, 62% des étudiants en médecine jugent la psychiatrie "moins prestigieuse" que d'autres spécialités, tandis que 63% la jugent "trop isolée" ou pensent que la recherche y est "moins intéressante".
Une vision faussée, selon le président du CNUP, Olivier Bonnot. "90% des psychiatres sont très heureux" dans leur métier, a-t-il affirmé mardi 23 janvier, lors d'une conférence de presse.
Plusieurs pistes semblent expliquer le désamour des étudiants pour cette spécialité. Parmi elles, le manque de reconnaissance. Cette impression est même partagée par 88% des étudiants en médecine. La peur de l'isolement par rapport aux autres spécialités médicales est aussi centrale. Enfin, 6 carabins sur 10 affirment être mal à l'aise avec la question de la souffrance.
Au-delà des étudiants en médecine, la psychiatrie "effraye" une large part des Français. Plus de six sur dix jugent, en effet, l'univers de la psychiatrie "anxiogène" et 19% en ont même "très peur", souligne le baromètre. Sur l'ensemble des personnes interrogées, 46% pensent que les personnes hospitalisées en psychiatrie sont "généralement enfermées" et 44% estiment que la psychiatrie "ne fait qu'assommer les gens de médicaments".
Pour le CNUP, les peurs exprimées par les répondants relèvent de "croyances héritées des pratiques d'un autre temps". D'après Olivier Bonnot, l'enfermement sous contrainte ne concerne "qu'une part infime" des patients.
Pour déconstruire les préjugés, et améliorer le regard de la société sur la psychiatrie, un spot télévisé sera diffusé la semaine prochaine sur France Télévisions et sur M6. Il renverra sur un site dédié, où seront disponibles des informations et des témoignages.
*L'Association nationale des étudiants en médecine de France et l’Association nationale des internes de psychiatrie en France.
[avec AFP et L'Express]
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