"Je suis dégoûté de la médecine générale" : les étudiants de retour dans la rue pour manifester contre la 4e année d’internat
Un mois après une première grande mobilisation nationale contre l’ajout d'une quatrième année d’internat de médecine générale, des centaines de carabins sont retournés dans la rue, à Paris et dans les grandes villes de France. Entendant manifester jusqu’au retrait de la mesure du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ils ont dénoncé un "passage en force" de la part du Gouvernement, "sans aucune concertation", et ont crié leur sentiment de "mépris". A l’issue de la grande manifestation du 14 octobre dernier, qui a poussé dans la rue plus de 10.000 étudiants en médecine pour protester contre l’ajout d’une quatrième année d’internat de MG prévue dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, ils avaient prévenu : "On ne lâchera rien." Ce jeudi 17 novembre, les carabins étaient donc de nouveau mobilisés à l’appel de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (Isnar-IMG) et de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni). "Et une, et deux, et trois réformes bâclées...", "coercition, c’est non, c’est non", ont notamment scandé plusieurs centaines d’étudiants, venus de partout en France. Les carabins s’étaient donné rendez-vous à Paris devant le Panthéon avant de rejoindre le ministère de la Santé. Ils ont été rejoints par les syndicats seniors : ReAGJIR, MG France et la FMF notamment, qui soutiennent leur mouvement et protestent contre la coercition.
Parmi les manifestants, beaucoup d’externes ont fait le déplacement. L’allongement de l’internat étant prévu pour la rentrée de septembre 2023, ils seront les premiers concernés par la mesure. A leurs côtés, les internes, eux, ont voulu défendre leurs droits et leur DES*. "Bran t’es foutu, les internes sont dans la rue", ont-ils menacé, alors qu’une étude révèle aujourd’hui que 50% des étudiants dont le premier choix était médecine générale aux ECNi l’an prochain remettent leur choix en question à cause de cette année supplémentaire.
Egora vous propose cinq témoignages de manifestants, qui expliquent pourquoi ils ont choisi de se mobiliser aujourd’hui.
"On manifeste aujourd’hui contre tous les amendements coercitifs et cette quatrième année de médecine générale qui nous est imposée. Je suis inquiet par le fait qu’on n'ait pas assez de maîtres de stage universitaire [MSU, NDLR] pour nous former alors qu’on manque déjà de généralistes dans les territoires. Je passe les ECNi dans deux ans et jusque-là, je souhaitais devenir MG… Mais je me rends compte que ces amendements qui sont passés, ces propositions de lois qui sont soumises à l’Assemblée nationale, ça m’a dégoûté de la profession. Cette spé, j’y pensais depuis longtemps mais désormais je pense que je vais m’orienter vers la gynécologie. Ce que j’espère en venant ici, c’est qu’on puisse nous voir, qu’on soit entendus. Je veux que François Braun sache qu’on n’est pas d’accord avec ce qu’il fait."
"Je suis venu manifester contre les mesures coercitives, en particulier contre l’obligation à l’installation dans les déserts médicaux et la quatrième année d’internat de médecine générale alors qu’on en a déjà trois. Ce choix de spé, je l’avais en tête depuis longtemps. Si j’avais été concerné par la promotion de cette réforme injuste, je pense que ça m’aurait affecté notamment pour la préparation des ECNi. Pour moi, les trois années d’internat actuelles suffisent. J’ai le sentiment qu’on cherche à se faire du fric sur le dos des internes car nous sommes de la main d’œuvre pas cher. Cette quatrième année, je pense qu’elle n’a aucun intérêt pédagogique."
"Je suis toujours externe mais je suis sûre de vouloir être médecin généraliste. J’entends autour de moi que certains intéressés par la spé s’en détournent… Moi, je n’ai pas changé d’avis car mon stage chez le praticien m’a vraiment convaincue et je ne me vois pas exercer à l’hôpital public, ce n’est pas quelque chose qui m’attire. Cela étant, ça ne veut absolument pas dire que je suis d’accord avec la mesure prise par le Gouvernement. Ma manière à moi de m’opposer à l'allongement de l’internat, c’est d’être là aujourd’hui."
*Diplôme d’études spécialisées **Le prénom a été modifié
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