FMC : 10 points clésFièvre boutonneuse méditerranéenne

Elle est due à une bactérie intracellulaire, Rickettsia conorii, transmise par la tique du chien. Elle survient préférentiellement chez les personnes travaillant au contact de cet animal.

28/02/2020 Par Dr Pierre Francès
  1. 01
    Point formation n°1

    Les rickettsioses sont des zoonoses transmises à l’homme par les arthropodes (tiques, puces, poux, acariens). Deux familles sont classiquement décrites :
    – le groupe typhus (deux espèces) ;
    – le groupe boutonneux comprenant 20 espèces (la fièvre boutonneuse appartient à ce groupe).
    Ces zoonoses intracellulaires se rencontrent dans tous les continents.

  2. 02

    La fièvre boutonneuse, transmise par Rickettsia conorii, est observée dans le sud-est de la France, et le pourtour méditerranéen. Son incidence est de 4,8 cas pour 10 000 habitants dans cette région.

  3. 03

    La transmission de Rickettsia conorii est effectuée par la tique du chien (Rhipicephalus sanguineus). Cette tique s’observe également chez les rongeurs sauvages.
    Les chiens infectés ne peuvent pas transmettre la maladie ; seule la tique peut effectuer cette transmission.
    De ce fait, les cas de contaminations sont souvent observés chez des personnes ayant un travail les exposant à des morsures de tiques de chiens (éleveurs, employés de chenils, travailleurs forestiers).

  4. 04

    Cliniquement, après une incubation d’une semaine, on peut remarquer une escarre cutanée d’inoculation (« la tache noire ») que le patient ne remarque pas dans 28 % des cas. En parallèle, on observe une hyperthermie importante avec des myalgies et des céphalées. Du fait d’une atteinte des cellules endothéliales, des manifestations cutanées à type de vascularite sont observées.
    Au troisième jour, on remarque une éruption parfois maculeuse ou maculo-papuleuse au niveau du tronc, des membres, puis au niveau de la totalité du corps. Un aspect purpurique est parfois observé, mais aussi une atteinte au niveau palmo-plantaire ; éléments qui mettent en avant la sévérité de cette infection. On observe ces manifestations cutanées dans 97 % des cas, avant qu’elles ne disparaissent en donnant une fine desquamation au bout de 10 à 20 jours.

  5. 05

    Des manifestations extracutanées sont également parfois observées (dans 5 à 6 % des cas) : atteinte digestive (hépatomégalie et ou splénomégalie), atteinte cardiovasculaire (bradycardie, collapsus), atteinte pleuropulmonaire (images réticulo-nodulaires du hile, hypoxémie et hypercapnie), atteinte neurologique (convulsion, confusion, méningite, stupeur), atteinte rénale (nécrose tubulaire aiguë, insuffisance rénale aiguë, glomérulonéphrite extra-capillaire).

  6. 06

    Le diagnostic est effectué sur la biopsie d’une escarre, ou lors de la réalisation d’un prélèvement cutané. On peut par ailleurs recourir à la culture par PCR.
    Le bilan biologique standard objective un syndrome inflammatoire, une thrombopénie, et une augmentation des LDH.

  7. 07

    L’évolution de cette infection est le plus souvent satisfaisante. Cependant des défaillances multiviscérales peuvent conduire au décès du patient dans 2 à 5 % des cas. Certains facteurs contribuent à majorer la gravité de l’infection : alcoolisme, diabète, déficit en G6PDH, retard de la prise en charge thérapeutique.

  8. 08
    Point formation n°8

    La prévention est fondamentale. Ainsi, en cas de possession d’un chien, il faut utiliser des colliers anti-tiques, et éviter de le promener dans des zones propices à une morsure par une tique. Le sujet doit régulièrement s’inspecter pour être certain de ne pas avoir une tique. En cas de découverte d’une tique, un retrait par un tire-tique est important. Si ce geste est effectué très rapidement après que la tique s’est fixée, le risque de transmission de la bactérie est quasiment nul.

  9. 09

    Le traitement curatif repose sur ’adminstration d’une tétracycline (doxycycline à raison de 200 mg par jour) durant sept jours.
    Une alternative est possible avec le recours à la josamycine ou à d’autres macrolides.

  10. 10

    Cette pathologie n’est pas à déclaration obligatoire. Cependant l’infection due à Rickettsia conorii peut, chez certains salariés, être considérée comme une maladie professionnelle indemnisable.

Références :

- Bessis D. Manifestations dermatologiques des maladies infectieuses, métaboliques et toxiques. Éd. Springer 2008.
- Eperon G, et al. Rickettsioses d’importation. Revue Médicale Suisse 2012;8:978-85.
- Rovery C, et al. Tiques : les vecteurs de nombreuses pathologies. Rev Prat Med Gen 2005;692(19):577-81.

Le Dr Pierre Francès déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.

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