FMC : 10 points clésGrippe
La grippe est le plus souvent bénigne, mais potentiellement grave sur certains terrains, justifiant la vaccination.
-
01Point formation n°1
Presque chaque hiver survient une épidémie de grippe, en France, entre novembre et mars généralement. Elle touche 2 à 6 millions de personnes, entraînant plus de 1 million de consultations, 20 000 hospitalisations, en moyenne 9 000 à 10 000 décès, liés au virus lui-même ou plus souvent à des complications de surinfection ou à la décompensation d’un état antérieur.
-
02
Parmi les trois types de Myxovirus influenza responsables de grippe, seuls deux sont importants : B, strictement humain, et A, le principal, d’origine aviaire et comportant de façon variable une hémagglutinine (H1 à H16) et une neuraminidase (N1 à N9). Instables, ils sont à l’origine de mutants, expliquant la survenue d’épidémies successives et parfois – lors d’une mutation très importante – d’une pandémie. Actuellement circulent essentiellement A(H3N1) et B/Victoria.
-
03
La transmission du virus se fait principalement par voie aérienne, directement à partir de gouttelettes de salive contenant du virus. Éternuements et toux favorisent donc le transfert d’un individu malade à un sujet sain. Mains et objets souillés par la salive sont de façon indirecte également transmetteurs. D’où l’importance des gestes barrières. La contagiosité du virus, possible dès J1 après la contamination, se poursuit jusque vers J5 environ. Les enfants de moins de 15 ans et surtout entre 2 et 5 ans sont des moteurs majeurs de cette transmission.
-
04
La « vraie » grippe a une incubation d’un à quatre jours, quarante-huit heures en moyenne. Elle se caractérise cliniquement par une symptomatologie franche faite d’une fièvre élevée à 39 °C associée à des frissons, des douleurs musculaires et articulaires, des céphalées et toujours des signes respiratoires : rhinite, toux, gêne respiratoire. L’évolution, généralement bénigne, se fait vers une régression progressive des symptômes, avec toutefois une fièvre qui, après une diminution, va remonter, témoignant de ce que l’on dénomme le V grippal. Des complications de surinfection peuvent survenir, essentiellement chez des sujets fragilisés : complications respiratoires hautes (otite, sinusite) ou basses (bronchopathie, pneumopathie bactérienne justifiant une radiographie pulmonaire, des prélèvements éventuels, une antibiothérapie dirigée contre les germes responsables [pneumocoque, staphylocoque, Haemophilus influenzae] : bêtalactamines, macrolides).
-
05
Le plus souvent, les formes sont bénignes chez les sujets sains et les adultes jeunes ; les formes sévères surviennent principalement chez des sujets obèses ou fragilisés, personnes âgées, porteurs d’une affection chronique (diabète, insuffisance cardiaque ou rénale, maladies respiratoires chroniques, immunodépression). Sont également à risque la femme enceinte et le nourrisson, avec un risque pulmonaire et d’hospitalisation, et un risque de naissance prématurée. Ceci justifie le vaccin au deuxième ou troisième trimestre de la grossesse, qui protège le nourrisson jusqu’à 6 mois.
-
06
Le diagnostic de grippe se fait surtout sur les données de l’interrogatoire en période déclarée d’épidémie. La recherche par prélèvement nasal ou pharyngé est possible (PCR), réservée à des formes atypiques ou sévères.
-
07
Actuellement, l’infection à Covid-19 rend plus difficile le diagnostic de grippe, la symptomatologie étant très proche et la circulation du virus volontiers concomitante. Un test de détection du Covid est alors nécessaire. Les syndromes « grippaux » dus à d’autres virus respiratoires sont en général moins bruyants, évoluant plus rapidement de façon bénigne.
-
08Point formation n°8
Le traitement de la grippe reste essentiellement symptomatique : repos au lit dans une pièce non surchauffée (19 °C) et aérée, hydratation suffisante, prise de paracétamol. Une antibiothérapie ne sera proposée que lors de l’apparition d’une surinfection. Un traitement antigrippal spécifique existe : l’oseltamivir (Tamiflu), à utiliser chez les personnes fragiles, notamment en cas de contact.
-
09
La prévention du risque de transmission repose sur les mesures barrières : lavage répété des mains, mouchoirs à usage unique, tousser dans son coude, port d’un masque, distanciation physique suffisante.
-
10
La prophylaxie repose sur la vaccination. Le vaccin est régulièrement mis à jour en fonction des variations du virus, en attendant un vaccin universel. Il s’agit d’un vaccin inactivé sans adjuvant, efficace de façon très satisfaisante chez le sujet jeune et l’adulte sain, diminuant avec l’âge ou chez les sujets immunodéprimés. Cette vaccination annuelle est bien supportée et doit être proposée prioritairement aux personnes âgées de plus de 65 ans ou ayant une comorbidité, ainsi que pour les professionnels de santé pouvant avoir des contacts avec des personnes à risque de formes sévères, et les femmes enceintes, surtout à partir du deuxième trimestre. Récemment, la HAS a proposé la vaccination aux jeunes de 2 à 17 ans, principalement par spray nasal, pour réduire le risque de transmission du virus.
Références :
Le Pr François Bricaire déclare déclare n’avoir aucun lien d’intérêts concernant les données présentées dans cet article.