
Former les soignants à "l'aide à mourir" : c'est non pour la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs
Un amendement à la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d'accompagnement, actuellement examinée en commission, prévoit d'intégrer "explicitement" une "formation relative à l'aide à mourir" dans le cursus des professionnels de santé et du médico-social. Ce que la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a vivement dénoncé.

"Comment peut-on envisager de former à un acte qui n'existe pas dans le droit français ?", interroge la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP), dans un communiqué de presse diffusé ce vendredi 11 avril. L'organisation, qui fédère plus de 10 000 soignants (libéraux ou hospitaliers) impliqués dans la démarche palliative, s'inquiète de l'adoption, en commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, d'un amendement à la proposition de loi relative aux soins palliatifs et d'accompagnement. Texte qui, avec la proposition de loi relative à la fin de vie, doit faire son entrée dans l'hémicycle le 12 mai.
Cet amendement, porté notamment par l'ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo – très impliquée sur ce sujet – complète l'article 8 de la PPL, qui vise à mettre en place "une formation à l'accompagnement de la fin de vie et à l'approche palliative" pour les étudiants en médecine. Cet article prévoit aussi que les professionnels de santé et du secteur médico‑social reçoivent "une formation spécifique sur l'évolution des soins palliatifs et d'accompagnement", "la prise en charge de la douleur", l'accompagnement de la fin de vie", "les dispositifs d'expression de la volonté des malades", ou encore "l'accueil des personnes en perte d’autonomie et de discernement et le suivi des mineurs".
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Langard Francois
Oui
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L'amendement déposé par Agnès Firmin Le Bodo (ainsi que Nathalie Colin-Oesterlé et François Gernigon, également affiliés au groupe Horizons et indépendants) prévoit de "compléter [ces] formations dispensées", "en y intégrant explicitement une formation relative à l'aide à mourir". "Une telle initiative, précipitée et déconnectée des réalités actuelles de notre droit, pose un grave problème de cohérence et de responsabilité", alerte la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs, qui ajoute que "l'incohérence légistique de cet amendement devra d’ailleurs être soulevée".
"Qui serait compétent pour assurer la formation initiale et continue en 'aide à mourir' ?", questionne l'organisation. "La question est vertigineuse, car il est impossible de former sérieusement à un geste qui demeure, à ce jour, illégal (et qui l'est dans l’immense majorité des pays étrangers)". Et de préciser qu'il n'existe "ni référentiel officiel ni cadre de pratiques reconnu" actuellement, "ce qui rend toute formation prématurée, juridiquement risquée et éthiquement problématique".
"Rappelons que les étudiants en médecine reçoivent en moyenne moins de 10 heures de formation sur la douleur, la fin de vie et les soins palliatifs sur l'ensemble de leur cursus", pointe la SFAP, pour qui il est "d'autant plus incompréhensible que l'on puisse envisager d’ajouter une formation sur un acte aussi lourd de conséquences, sans même que le débat législatif ait abouti".
L'organisation appelle ainsi "solennellement" les parlementaires à recentrer les priorités : "former massivement et sérieusement aux soins palliatifs et au soulagement de la douleur avant d'ajouter des actes controversés, non encadrés, et juridiquement infondés". "Nous ne pouvons pas continuer à construire la fin de vie sur des slogans. Ce sont des personnes, des souffrances, des familles, et des soignants qui attendent des réponses concrètes", lance-t-elle.
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