
Aide à mourir : le ministre de la Santé favorable à un principe de "volontariat" pour les médecins
Le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a affirmé, dans Le Monde, vouloir former plus de soignants aux soins palliatifs. Il a, par ailleurs, rappelé son souhait que les médecins ne puissent participer à l'aide à mourir que sur la base du volontariat, et s'est dit "opposé" à ce que les personnes sous tutelle ou curatelle puissent demander une aide à mourir.

Alors que l'Assemblée nationale doit étudier à partir du 12 mai les deux propositions de loi sur l'accompagnement de la fin de vie, le ministre chargé de la Santé a salué la décision du Premier ministre de scinder ce texte en deux dans une interview accordée au Monde. L'un de ces textes portera ainsi sur les soins palliatifs, le second sur l'aide à mourir. Cette scission permettra "à chaque parlementaire de se déterminer en son âme et conscience", a plaidé Yannick Neuder, ce mardi 18 mars.
Le locataire de l'avenue de Ségur s'est, par ailleurs, dit "intimement convaincu que, si les soins palliatifs étaient accessibles pour tous et partout, le nombre de demandes de mort médicalement assistée serait faible, voire anecdotique".
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Nathalie Hanseler Corréard
Oui
Retraitée depuis la Covid. Mon vécu : ayant fait des semaines de 70H (5,5 J/sem) près de BX avec 4 gardes par an, puis déménagé à ... Lire plus
En ce sens, "cent millions d’euros supplémentaires [pour les soins palliatifs, ndlr] ont déjà été inscrits au projet de loi de financement de la Sécurité sociale [PLFSS] pour 2025. Et plus de 900 millions d’euros devront être programmés sur les neuf prochains PLFSS", a rappelé Yannick Neuder, faisant référence aux 1,1 milliard d'euros supplémentaires promis par Catherine Vautrin d'ici 2034.
Collégialité, volontariat…
Surtout, le ministre chargé de la Santé a insisté sur la nécessité de former plus de soignants dans ce domaine. "Pour ouvrir des unités de soins palliatifs [USP], il faut d’abord des soignants. Une vingtaine de départements n’ont pas d’USP. Il est très difficile d’en créer rapidement s’il n’y a pas de personnels hospitaliers en nombre suffisant. Pour cela, nous devons former plus et mieux, mais aussi développer les équipes d’hospitalisation à domicile", a-t-il affirmé, dans les colonnes du Monde.
Concernant l'aide à mourir, le ministre se dit "opposé" à ce que la décision soit "prise par un seul médecin", "ce que prévoit le texte qui arrive en discussion à l'Assemblée", a-t-il glissé. "La collégialité est la règle pour toutes les décisions graves en médecine. Et cette collégialité est encadrée", a soutenu Yannick Neuder.
Le cardiologue de formation a, par ailleurs, rappelé défendre "le principe du volontariat". "Plutôt que d’exposer des médecins à devoir dire qu’ils refusent d’accomplir le geste létal, ce qui reste une question intime, mieux vaudrait identifier des volontaires pour qui cet acte relève de l’accompagnement des malades", a-t-il indiqué ce mardi, insistant sur la nécessité de construire cette loi "avec les soignants pour qu'elle soit compris[e] par eux".
Enfin, le ministre chargé de la Santé n'est pas favorable à une ouverture de l'aide à mourir aux personnes sous tutelle ou curatelle. "Ce n’est pas envisageable à mon sens. Il faut que la loi ne puisse s’appliquer que pour des malades qui ont leur pleine conscience", a estimé Yannick Neuder, lors de cette entrevue.
[avec Le Monde]
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