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Assistanat territorial : "plusieurs centaines de jeunes médecins" pourraient être mobilisés dès novembre prochain dans les déserts

Alors que le Premier ministre s'est dit favorable à "une régulation" de l'installation des médecins pour lutter contre les déserts médicaux, les doyens des facultés poussent leur modèle d'assistanat territorial. "Avec ce dispositif, nous pensons qu'en novembre 2025, on est capable de mobiliser probablement plusieurs centaines, voire plus, de jeunes médecins dans les territoires", a indiqué leur nouvelle cheffe de file, la Pre Isabelle Laffont, lors d'une conférence de presse ce mardi 1er avril.

02/04/2025 Par Louise Claereboudt
Déserts médicaux
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Ce mardi 1er avril, dans la salle des thèses de la faculté de médecine Sorbonne Université, à Paris, la Pre Isabelle Laffont donnait sa première conférence de presse en tant que nouvelle cheffe de file des doyens. Feuille de route, réforme de l'entrée dans les études de santé, sécurisation des Examens cliniques objectifs structurés (Ecos), recherche et enjeux internationaux, violences sexistes et sexuelles, risques psychosociaux des étudiants… Le programme de cet échange était on ne peut plus dense. D'autant que s'est invitée dans les échanges la proposition de loi Garot sur les déserts médicaux, qui doit être débattue ce mercredi en fin de journée dans l'hémicycle.

Si cette PPL, cosignée par plus de 250 députés, a été adoptée en commission des Affaires sociales de l'Assemblée la semaine dernière, celle-ci a été amputée de sa mesure phare sur la régulation à l'installation des médecins, rejetée à trois voix près. Le groupe transpartisan qui en est à l'origine espère toutefois qu'elle sera réintroduite lors de l'examen au séance publique, qui pourrait se poursuivre la semaine du 5 mai en raison d'un calendrier embouteillé. Devant le Conseil économique social et environnemental (Cese), ce matin du 1er avril, le Premier ministre est, en tout cas, allé dans le sens de cette initiative, déclarant que face aux déserts médicaux, "il faut probablement une régulation, comme l'ont décidé, conscients de la difficulté, nombre de professions de santé".

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Consciente de "l'urgence", la présidente de la Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine a toutefois tenu à rappeler, ce mardi, que les jeunes médecins étaient déjà soumis à "contraintes". "Il y a déjà des mesures de régulation, les jeunes ne font pas ce qu'ils veulent, ils sont très contraints à l'issue des épreuves de fin de sixième année, ils sont contraints sur la région où ils vont aller travailler et sur la spécialité qu'ils vont choisir. Ces contraintes génèrent beaucoup d'inquiétude." "On est un pays où la coercition fonctionne mal", a abondé son vice-président, le Pr Marc Humbert. "Le Français n'est pas toujours très facile à forcer ; il pourrait y avoir des décisions d'installation à l'étranger", en Suisse, en Belgique, ou encore au Canada, comme c'est déjà le cas pour un certain nombre de praticiens, a-t-il mis en garde.

La Conférence des doyennes et des doyens des facultés de médecine pousse, au contraire, pour une alternative. "Il faut faire de la contrainte positive et incitative", a plaidé la Pre Laffont. La Conférence propose la création d'un statut d'assistant territorial, "que l'on pourrait proposer à des jeunes au sortir de l'internat". "Il permettrait à ces jeunes de prendre des postes soit en médecine de ville en activité libérale, soit en activité salariée dans un centre hospitalier en territoire, dans des zones qui seraient décidées par les agences régionales de santé de façon à répondre à un vrai besoin des populations, le plus souvent dans les zones sous-denses bien évidemment", a expliqué la Pre Laffont. Cette proposition, les doyens, le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), l'Intersyndicale nationale des internes (Isni) ainsi que l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), l'ont formulée en janvier. "Ce qui veut dire que les jeunes nous suivent", s'est réjouie la Pre Laffont.

La cheffe de file des doyens a annoncé avoir déposé cette proposition, qui "n'a pas encore de véhicule législatif", "sur le bureau de la Direction générale de l'Offre de soins (DGOS) le 5 mars". Cette "solution d'urgence" aux déserts médicaux pourrait être mise en œuvre "dès novembre 2025", a-t-elle insisté. Et d'ajouter : "Avec ce dispositif, nous pensons qu'en novembre 2025, on est capable de mobiliser probablement plusieurs centaines, voire plus, de jeunes médecins en territoire, positionnés là où on en a besoin." "Je pense que l'assistant territorial, si le politique s'empare de ce sujet, peut être quelque chose de transformant", a également estimé le Pr Humbert pour qui, si "la profession est attractive", il faut "donner des raisons positives pour aller s'installer dans les territoires".

Pour le doyen de la faculté Paris-Saclay, il y a cependant "certainement des mesures de régulation qui sont nécessaires", "et sûrement des décisions autoritaires" à prendre, "comme limiter le nombre d'années de remplacement", "ou limiter le nombre d'accès à certaines disciplines comme la médecine esthétique, qui ne sont peut-être pas des priorités de santé publique, bien que je ne mette aucun opprobre sur ces professions".

Pour que cet assistanat territorial fonctionne, il faudra que "ces postes soient attractifs, a martelé la doyenne de la faculté de médecine Montpellier-Nîmes, face à la presse. Il faut les environner avec une prime de territorialité conséquente pour valoriser l'action d'aller exercer dans ces territoires." La Conférence appelle également à "leur donner des avantages statutaires", par exemple permettre "au bout de deux ans d'assistanat" aux médecins d'être embauchés par un centre hospitalier général "à un échelon supérieur de la grille des praticiens hospitaliers".

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de Francois Laissy
2,3 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 12 jours
Coercition, obligations, sanctions : quel programme ! Limiter les années de remplacement n'est pas plus incitatif que cette mobilisation des assistants territoriaux qui ne resteront pas plus sur place
Photo de profil de Claire Restoueix Dr
496 points
Débatteur Renommé
Dermatologie et vénérologie
il y a 11 jours
contraindre l’installation … ceci ne coûte pas cher à nos politiques !!!! mais ne masque pas le fait qu’ils sont responsables de la pénurie.. contraindre.. si le médecin refuse il repartira sur d’aut
Photo de profil de Francois Laissy
2,3 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 12 jours
Utopie "parisienne, citadine et hospitalière" de gens qui ne connaissent pas la vie des déserts français
Vignette
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