L’égalité paritaire des femmes médecins en France progresse dans le monde du travail et est même dépassé dans les facultés de médecine. Les points faibles restent les postes à responsabilités et les salaires. Notre partenaire RemplaFrance fait le point. Si aujourd’hui la place de la femme dans le domaine médical nous permet de la considérer égale à l’homme, cela n’a pas toujours été le cas. Cependant, la parité et l’égalité salariale n’est pas encore complètement atteinte dans toutes les spécialisations et secteurs, en particulier lorsqu’il s’agit de postes à responsabilités. Un peu d’histoire avant tout… La première française docteur en médecine était Madeleine Brès, en 1875, à l’âge de 33 ans, alors qu’elle était mariée et avait déjà plusieurs enfants lorsqu’elle a commencé ses études. De nombreuses femmes étrangères viennent alors se former en France. En 1887, elles sont 114 mais seulement 12 d’entre elles sont françaises. En 1870, elle a notamment pu travailler en tant qu’interne à l’Hôpital de la Pitié de Paris et sera même nommée interne provisoire alors que la guerre franco-prussienne fait rage. Son superviseur la décrit comme une femme toujours impeccable, par son attitude tout comme pour sa tenue, ce qui lui a permis d’obtenir le respect de tous. Après sa thèse, Madeleine Brès ouvrira une crèche et donnera des cours sur l’hygiène des enfants et des femmes. Cela va donc à l’encontre des pensées et des mœurs de l’époque, où la femme est de nature, dans l’incapacité physique, esthétique et psychologique d’exercer la médecine. En effet, elles sont décrites comme n’ayant pas la force de soulever les malades et de ne pas pouvoir surmonter le fait d’être confronté aux plaies et au sang. Dernier argument, une femme ne peut pas être ambitieuse. Au contraire, d’autres pensées émergent affirmant qu’étant une femme et grâce à ses qualités gestationnelles et maternelles, elle a pour vocation de soigner.
La place des femmes médecins aujourd’hui en France Aujourd'hui, les médecins femmes sont majoritaires. Une belle évolution quand on sait qu’en 1913, la part des femmes docteur en médecine était de 6% seulement. Elles sont déjà majoritaires durant leurs études avec 60 % de femmes dans les facultés de médecine. La place des femmes varie selon les spécialités : -41 % pour les médecins généralistes -42 % chez les médecins spécialistes -71 % chez les médecins du travail -67 % en dermatologie -64 % en pédiatrie -94 % en gynécologie -14 % en chirurgie En 2020, chez les moins de 40 ans, 65 % des médecins généralistes sont des femmes, chez les spécialistes celles-ci sont de 62 % et 48 % chez les spécialistes chirurgicaux. Tous âges confondus, en 2020, la proportion de femmes spécialistes chirurgicaux est passée de 28,8 % à 31,3 % en 10 ans. Chez les spécialistes médicaux, on passe de 44,7 % à 52,4 %. Selon l’Ordre des Médecins, les disparités territoriales se font également ressentir, avec 8 départements qui comptent 50 % ou plus de femmes inscrites au tableau de l’ordre : principalement à Paris (54,8%), les Yvelines (55,1%), Hauts-de-Seine (57%), Val-de-Marne (54%), Rhône (53%), Loire-Atlantique (54%), Haute-Garonne (54%) et l’Isère (55,8%). La place de la femme médecin dans les postes à responsabilités Les écarts entre femmes et hommes docteur en médecine sont encore plus flagrants lorsqu’on se concentre sur les postes à responsabilités : -11 femmes sur 63 sont chef de service -3 femmes sur 11 sont chef de pôle -47 % des femmes sont maîtres de conférence et en même temps praticien hospitalier (MCU-PH) -14 % des femmes sont professeurs des universités et en même temps praticien hospitalier (PU-PH) -3 femmes sur 47 sont doyennes de facultés de médecine Les femmes professeurs des universités sont beaucoup moins nombreuses car pour le devenir, s’en suit un long travail de thèse, de recherches et de voyages. Or, l’opportunité d’évolution de carrière se joue généralement entre 30 et 40 ans, un âge où la femme médecin construit sa famille et est souvent freinée par ses envies de maternité. De plus, il n’est pas rare qu’une jeune femme encore dans ses études décide d’avoir des enfants, nombre d’entre elles ne finiront pas leur thèse. Il est également très important pour une femme médecin de pouvoir concilier sa vie personnelle et professionnelle, mais également d’assurer à sa famille des revenus stables. Pour cela, elles se tournent plus que les hommes vers des postes en salariat et notamment à l’hôpital. Nombre de femmes docteur en médecine privilégient également les emplois à temps partiel afin d’assurer leur salaire tout en passant du temps avec leurs enfants et leur famille. Une approche des patients et un salaire différent La femme médecin n’aborde pas les patients de la même façon que ses confrères masculins. Des études révèlent que la durée moyenne de leurs consultations est plus longue, environ 19 minutes. En effet, elles prennent plus de temps pour expliquer et écouter leurs patients. Il semblerait qu’elles soient plus pédagogues mais aussi plus nombreuses à prescrire les médicaments recommandés et les examens requis. Selon une récente étude, nous constatons que les femmes médecins françaises effectuent moins de consultations par an et travaillent moins d’heures par semaine que leurs confrères. Cela équivaut à 53 heures par semaine en 2012, contre 59 heures par semaine en moyenne chez les hommes médecins. Un fait confirmé par une étude menée par Statista, en 2019, affirmant que les femmes médecins généralistes âgées de moins de 50 ans consacraient moins de 40 heures par semaine à leurs patients. Un facteur qui démontre en partie les inégalités salariales qui se font ressentir. En 2014, dans les hôpitaux publics, les femmes docteur en médecine touchaient 15,6 % de moins que leurs confrères masculins. Selon l’Insee, les femmes médecins généralistes percevaient en 2017, 37 % de moins que leurs confrères masculins avec un temps hebdomadaire seulement inférieur de 15 %.
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