Le plan National de mobilisation contre les addictions a été publié le 8 janvier par la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca). Il couvre la période 2018-2022. Il vise à prévenir et à lutter contre l’ensemble des addictions qui "constituent un défi majeur pour notre société" souligne le Premier Ministre Edouard Philippe, dans l’éditorial du texte.
Le plan concerne ainsi les produits psychoactifs autorisés ou non (tabac, alcool, cannabis...), mais aussi l’usage excessif des écrans, jeux vidéos, et jeux d’argent. "Chaque année, le tabac et l'alcool sont responsables du décès respectivement de 73 000 et de 49 000 personnes. Ces chiffres ne sont pas acceptables" rappelle Edouard Philippe. Et l’usage des jeux vidéo serait problématique pour 1 adolescent sur 8. Le plan est organisé en six axes (et 19 priorités), à savoir : la prévention, la prise en charge, la lutte contre les trafics, la recherche, un cadre international, une mobilisation dans les outre-mer. Pour concrétiser ces objectifs, le document ne comprend pas moins de 200 mesures. Certaines sont déjà connues. Le plan reprend ainsi la mesure phare du gouvernement contre le cannabis : l'amende forfaitaire pour usage de drogues, dont les recettes doivent financer des actions de prévention. Le plan insiste sur la prévention chez les jeunes. A 17 ans, 25 % des adolescents fument quotidiennement du tabac et 8 % consomment de l’alcool plus de 10 fois par mois. Les auteurs du texte souhaitent donc mieux faire respecter l'interdiction de vente aux mineurs du tabac, de l'alcool et des jeux d'argent. « Les jeunes mineurs nous disent aujourd'hui dans les enquêtes qu'ils n'ont aucune difficulté à s'en procurer », s'est inquiété auprès de l'AFP Nicolas Prisse, le président de la Mildeca. « L'un des moyens serait de mettre en place des opérations de testing pour s'assurer que l'interdiction est bien respectée par les établissements. Il s’agit aussi de "réduire l’exposition des jeunes à la publicité et aux stratégies d’influence" admettent les auteurs du plan. Mais aucune mesures concrètes n’est proposée, si ce n’est la mise en place de "chartes de responsabilité sur les messages et contenus diffusés". La prévention concerne aussi les femmes enceintes. Le plan prévoit de renforcer la visibilité et la lisibilité des informations en augmentant significativement la taille du pictogramme "femme enceinte" et en imposant une couleur ou un contraste . L’information délivrées aux femmes enceintes doit aussi être améliorée : elles ne seraient que un tiers à avoir reçu la recommandation de ne pas consommer d’alcool pendant la grossesse. Le plan prône par ailleurs la poursuite de l'expérimentation des salles de consommation de drogue à moindre risque (communément appelées "salles de shoot"), ouvertes aux usagers d'héroïne. Il "envisage" l'ouverture de nouvelles salles "pour répondre à des besoins non couverts". Des insuffisances, en particulier contre l’alcool En revanche, le plan ne prévoit pas de mesures pour agir sur le prix de l'alcool. Il ne retient ni l'instauration d'un prix minimum par unité d'alcool, mesure prise par l'Ecosse en 2018, ni la hausse des taxes sur les boissons "prémix" mêlant du vin et un autre liquide sucré (comme le rosé-pamplemousse). "Ça fait partie des choses qu'on peut regretter", a déclaré à l'AFP Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, réseau d'addictologie qui regroupe plus de 200 associations. "Il y a eu de grosses problématiques d'arbitrage sur l'alcool, c'est notamment pour ça que le plan a été retardé", a-t-elle insisté. "Il y a au gouvernement et surtout à l'Elysée des gens qui ont décidé de soutenir la viticulture", a affirmé le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions. Ces derniers mois, des acteurs de la lutte contre l'alcoolisme ont dénoncé la présence d'Audrey Bourolleau au poste de conseillère Agriculture de l'Elysée. Elle était déléguée générale du lobby du vin avant de rejoindre Emmanuel Macron. "Globalement, le contenu du plan est cohérent, intéressant", même s'il n'y a "pas de mesure flamboyante" a cependant admis Nathalie Latour. Selon elle, "ce qu'on peut lui reprocher, c'est de rester très technocratique". Elle regrette également que le texte n'ait pas été porté publiquement par l'ensemble du gouvernement : "Il manque d'incarnation politique". Il a simplement été mis en ligne sur le site de la Mildeca, après des fuites dans la presse. La Mildeca a cependant indiqué à l’AFP que le plan pourrait prochainement être présenté officiellement par le Premier Ministre, sans plus de précision à ce sujet.
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