L’Association française de chirurgie (AFC) attire l’attention sur l’insuffisance de préparation des professionnels dans un contexte d’attentat. Cela concerne à la fois le personnel et l’organisation du système. Ainsi, seuls 38% des chirurgiens ont déjà participé à un exercice dans le cadre d’un plan blanc et/ou participé à leur élaboration. C’est ce qui ressort d’une étude publiée par l’AFC en mai dernier, qui a été menée auprès de 317 chirurgiens. Cette enquête visait à dresser un état des lieux des connaissances et compétences chirurgicales dans le domaine de la traumatologie en situation d’attentat. L’étude montre aussi que 22,5 % des chirurgiens affirment ne pas connaître l’existence des exercices de plan blanc, et 45% disent n’avoir aucune formation complémentaire en traumatologie… "La méconnaissance des exercices plan blanc de plus d’1/5 des chirurgiens interrogés doit nous interpeller. Nous vivons une ère où le terrorisme est devenu une menace permanente avec des attentats imprévisibles par le nombre de victimes et le profil des blessures, dans les grandes villes comme dans les plus petites… Les chirurgiens risquent d’être confrontés à des situations exceptionnelles. Leur participation aux exercices de simulation de leur établissement devrait être mieux encadrée et obligatoire", explique Paul Balandraud (Val de Grace). Pour l’AFC, il apparait nécessaire d’améliorer la formation pour que les chirurgiens français acquièrent un véritable "damage control" chirurgical, en s’inspirant des chirurgiens militaires, "plus structurés et plus préparés à gérer le flux des patients en situation d’attentats", souligne l’AFC. Pour cela, il s’agit, en particulier de favoriser le binôme médecin anesthésiste-réanimateur / chirurgien pour optimiser la gestion des flux des patients, "un duo qui va permettre de gérer de la façon la plus optimale l’afflux massif de patients". L’AFC recommande aussi de garder dans la formation des chirurgiens une part "généraliste" dédiée à l’urgence et la gestion des afflux massifs. Concrètement, les chirurgiens pourraient être amenés à réaliser des interventions qui ne sont pas de leur spécialité. "Il n’existe pas en France de formation diplômante en chirurgie traumatologique. La prise en charge de la traumatologie est faite par les chirurgiens d’organes, qu’ils soient orthopédistes, neurochirurgiens, urologues, cardiothoraciques, vasculaires ou viscéraux. Notre activité opératoire est pour la plus grande part une activité 'réglée' et nous sommes – fort heureusement – rarement impliqués dans la prise en charge des blessés par attentat terroriste", rappelle Emmanuel Benizri (Nice). Les outils de simulation doivent aussi être développées, grâce, notamment, à des "serious game". Des logiciels sont en cours d’élaboration. Les praticiens "joueurs" auront chacun un rôle : médecin directeur de crise, chirurgiens trieurs et opérateurs, médecins anesthésistes-réanimateurs, médecins de différentes spécialités, pharmacien, cadre de bloc opératoire, bed manager, etc. "Nous utilisons des outils de simulation en perfectionnant nos techniques comme par exemple sur les cadavres perfusés pour développer notre apprentissage ou maintenir nos compétences", ajoute Paul Balandraud. Par ailleurs, les chirurgiens se félicitent de la création à la rentrée prochaine, d’une formation spécialisée transversale (FST) de "chirurgie en situation de guerre et de catastrophe" se présente comme une formation qualifiante, et constitue une formation multidisciplinaire dans ce domaine. Globalement, il s’agit d’améliorer l’organisation du système. "Notre retard, est principalement dû à des défauts d’organisation et de prise en compte de la traumatologie comme un enjeu de santé publique", souligne Emmanuel Benizri. "Confrontés à ce type de situations, les chirurgiens, comme leurs équipes et collègues d’autres spécialités, ne pourront pas improviser leur organisation sur le moment." Un "trauma system" français est en cours de gestation, avec la création toute prochaine d’un registre national de traumatologie, qui sera accessible à un grand nombre de professionnels de santé concernés, quelle que soit leur spécialité, médecins urgentistes, anesthésistes-réanimateurs et chirurgiens.
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