Au Royaume-Uni, la taxation des boissons sucrées a eu des effets favorables en termes de santé publique

25/03/2021 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Une consommation importante de boissons sucrées est associée à une augmentation du risque de caries dentaires, d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. C’est la raison pour laquelle l’OMS recommande la mise en place de taxes sur les boissons sucrées afin d’en réduire la consommation.

  En Grande-Bretagne, afin d’encourager la reformulation des boissons sucrées, une taxe sur l’industrie des boissons sucrées a été mise en place de 3 façons : une taxe sur les fabricants, l’inclusion de 2 niveaux avec un taux de taxe supérieur sur les boissons contenant le plus de sucre et l’annonce de la taxe 2 ans avant sa mise en place afin de donner aux fabricants le temps de s’adapter. Des évaluations préalables avaient exploré les réactions des consommateurs vis-vis de ces taxes sur les boissons sucrées mais aucune n’a exploré l’effet, sur les ventes de sodas, de ces taxes sur les boissons sucrées. Le BMJ publie donc une étude dans laquelle les modifications des achats de boissons sucrées par les ménages et leur fabrication se sont faites un an après la mise en place de la taxe sur l’industrie des boissons sucrées. L’étude a été faite sur un panel de ménages qui rapportaient leurs achats sur une semaine (22 183 participants) entre 2014 et 2019. En mars 2019, en comparaison de leur consommation avant l’annonce de la mise en place de cette taxe, les volumes d’achats de boissons contenant le niveau le plus élevé de sucre a diminué de 155 ml (IC 95 % 240.5 à 69.5 ml) par ménage, soit une réduction de 44.3 % (59.9 – 28.7 %) et la réduction du sucre ajouté dans ces boissons a diminué de 18 g (32.3 à 3.6), soit 45.9 % (68.8 à 22.9 %). Les achats de boissons sucrées dans le niveau inférieur de contenu en sucre ont aussi diminué, de 177.3 ml (225.3 à 129.3) par ménage par semaine, soit une réduction de 85.9 % (95.1 à 76.7) avec une réduction de 12.5 g du sucre (15.4 – 9.5) dans ces boissons, équivalent à une réduction de 86.2 % (94.2 à 78.1 %). Malgré l’absence de changement en volume des boissons non taxées, le sucre consommé a augmenté de 15.3 g (12.6 – 17.9) par ménage par semaine, équivalent à 166.4 % (94.2 à 238.5). Lorsque toutes les boissons sucrées étaient combinées, le volume des boissons achetées n’a pas changé mais la consommation de sucre a diminué de 29.5 g (55.8 à 3.1), soit une diminution de 9.8 % (17.9 à 1.8 %). En conclusion, en comparaison avec les tendances avant la mise en place de la taxe sur les boissons sucrées au Royaume-Uni, le volume de l’achat des boissons sucrées n’a pas changé. La quantité de sucre dans ces boissons était de 30 g inférieure par ménage par semaine, soit 10 % inférieure, ce qui équivalait à 1 consommation d’une boisson à faible niveau de sucre par personne par semaine. En conclusion, la taxe sur les boissons sucrées, selon ces auteurs britanniques, pourrait bénéficier à la santé publique sans poser de problème économique à l’industrie des boissons sucrées !

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