En particulier, d'après une étude BVA Xsight initiée par la Ligue, et conduite en octobre 2023 , le délai entre la réalisation de la mammographie d’alerte et l’accès au premier traitement a fortement augmenté entre 2019 et 2023, passant de 9,3 à 11,5 semaines. Un délai beaucoup trop élevé dans les 2 cas, sachant que l’Institut national du cancer (INCa) considère qu’il ne faut pas qu’il dépasse 6 semaines.
Plus largement, la Ligue affirme que ce temps de latence est beaucoup trop long pour tous les cancers, avec, en moyenne, un retard cumulé de deux semaines entre la suspicion et le début des traitements. Et à ce retard s’ajoute celui de la durée du parcours de soin, qui s’est allongé de 6 semaines supplémentaires en moyenne, des chiffres "bien supérieurs aux indicateurs de qualité et de sécurité des soins récemment élaborés par l’INCa et la HAS", estime la Ligue.
L’association alerte aussi sur les pénuries de médicaments qui touchent, de façon prioritaire, ceux destinés à traiter les complications ou effets secondaires des cancers (56% des pénuries déclarées par les professionnels), ainsi que d’autres utilisés pendant le parcours de soins comme les curares (33%) et les chimiothérapies (22%). Avec des conséquences majeures sur le bien-être et la morbidité des patients (angoisses et anxiété, perte de temps importante, aggravation d’autres symptômes et même du cancer). Au global, 47% des professionnels estiment que les pénuries de médicaments ont un impact négatif sur la survie à 5 ans de leurs patients, rapporte la Ligue.
L’étude souligne en outre les difficultés persistantes d’accès aux soins, rencontrées par 3 personnes sur 10, à type de report ou annulation de consultations et de traitements, refus de soins, problème d’accès à un ou plusieurs médicaments. Ce phénomène concerne particulièrement les personnes à faible revenu (39%), mais aussi celles résidant à Paris (38%), dans les DROM, ainsi que les femmes et les personnes racisées. Le reste à charge peut être conséquent pour certains malades ; il concerne, en particulier, les soins de support, le recours à des médecines douces, les aides à domicile, et les frais éventuels d’hébergement.
"Rien ne doit nous faire reculer pour lutter contre les inégalités, souligne Daniel Nizri, président national de la Ligue contre le cancer. Ce sont en effet les personnes vivant déjà des situations complexes qui vont se retrouver d’avantage fragilisées face à la maladie : inégalités d’accès aux programmes de dépistage, diagnostics tardifs, difficultés d’accès aux traitements et à leur bonne observance, informations inadaptées, renoncement aux soins, non-accès aux essais cliniques".
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