Le congrès de la Société européenne de cardiologie (ESC), qui était cette année couplé au congrès mondial de cardiologie, a consacré une place importante à la prévention. Son organisation dans la capitale s’est d’ailleurs accompagnée du lancement du programme « Villes engagées pour un cœur en bonne santé », qui vise à mieux lutter contre les maladies cardiovasculaires en ville en diminuant la pollution atmosphérique, en développant les mobilités douces, grâce à l’éducation... Durant le week-end du 31 août et du 1er septembre, de nombreux Parisiens ont ainsi pu se former aux gestes de premier secours, identifier leurs facteurs de risque... En 2020 et en 2021, Amsterdam puis Londres, qui accueilleront les prochains congrès de l’ESC, prendront le relais de Paris. Cette prévention est essentielle. Car si, comme l’a rappelé le Dr Darryl Leong (Université McMaster, Hamilton, Canada), la mortalité cardiovasculaire est désormais dépassée par celle par cancer dans les pays riches avec un ratio de 0,4 (dans l’étude Pure conduite dans 21 pays) contre 1,3 pour les pays en développement et 3,0 dans les pays pauvres ; et même en Europe, les affections cardiaques restent à l’origine de 30 % des décès. Par ailleurs, « 7 maladies cardiovasculaires sur 10 peuvent être expliquées par des facteurs de risque sur lesquels on peut agir, un faible niveau d’éducation étant l’élément contribuant le plus à la mortalité », a complété le Pr Salim Yusuf (Université McMaster, Hamilton, Canada) (1). Une étude entreprise...
par le Dr João A. Sousa (Hôpital de Funchal, Portugal) sur 1075 patients de moins de 50 ans, dont 555 avec une maladie coronaire, a aussi confirmé que les facteurs de risque liés au mode de vie jouent un rôle plus important que les paramètres génétiques dans la maladie coronaire prématurée. De fait, 73 % des « jeunes » coronariens présentaient 3 des 5 facteurs de risque modifiables que sont l’inactivité physique, le tabagisme, une pression artérielle (PA) augmentée, un diabète, un taux de cholestérol élevé, contre seulement 31 % des 520 témoins d’âge comparable. Dès 18 ans, une élévation du poids au-delà d’un indice de masse corporelle (IMC) de 20 kg/m2 expose à un risque d’infarctus du myocarde ultérieur, a aussi mis en évidence une étude du Dr Maria Aberg (Université de Göteborg, Suède), réalisée sur près d’1,7 million de jeunes hommes convoqués entre 1950 et 1987 pour le service militaire (risque multiplié par respectivement 2,6 et 3 pour un IMC compris entre 27,5 et 29,9 kg/m2 et entre 30 et 34,9 kg/m2 par rapport à un IMC de 18,0 à 20 kg/m2). Surtout, la prévention est efficace, ce qu’elle soit primaire ou secondaire, individuelle ou collective. En raison d’un effet additif, il suffit que le taux de LDL-cholestérol soit abaissé de 0,3 mmol/L et la PA systolique de 5 mm Hg pour réduire la probabilité de maladie cardiovasculaire de 50 % sur la vie, a estimé le Pr Brian Ference (Université de Cambridge) après analyse des données de 438 952 participants de la Biobank britannique, dont 24 980 avaient développé un événement cardiovasculaire majeur. Importance du contrôle du sel, de la vaccination antigrippale, du sport Dans le Nord du Pérou, plus de 2000 habitants de 6 villages ont accepté de consommer entre 2014 et 2017 un sel contenant 25 % de potassium et 75 % de sodium (au lieu de 100 % de sodium). Résultat, « une baisse moyenne de la PA diastolique de 0,72 mm Hg et de 1,23 mm Hg de la PAS et une diminution de 55 % de l’apparition de l’hypertension artérielle (HTA) ». Le sel a été bien toléré. Le responsable du programme, le Pr Jaime Miranda (Université de Lima), a plaidé pour cette solution de santé publique « peu coûteuse et bien acceptée par la population ». La mise en place d’un programme...
de dépistage et de suivi recourant à des professionnels de santé non médecins, délivrant des médicaments anti-hypertenseurs et hypocholestérolémiants gratuitement, a aussi permis de réduire de 40 % le niveau de risque cardiovasculaire, et de doubler le taux de contrôle tensionnel par rapport à un suivi standard, a révélé l’étude Hope 4 menée en Malaisie ou en Colombie chez 1371 sujets de plus de 50 ans (Dr Jon-David Schwalm, Université Hamilton, Canada) (2). Vacciner les patients hypertendus contre la grippe pourrait aussi être important. Selon une étude danoise entreprise de 2007 à 2016, à partir du registre national rassemblant 608 452 patients hypertendus, ce geste réduit en effet de 18 % la mortalité globale et de 16 % la mortalité cardiovasculaire durant la saison épidémique, a rapporté le Dr Daniel Modin (Université de Copenhague). L’inflammation et la réaction immune, secondaires à l’infection, pourraient favoriser la survenue d’un AVC ou d’un infarctus du myocarde en réduisant la stabilité des plaques d’athérome. Le Dr Sang-Woo Jeong (Université de Séoul, Corée) a, quant à lui, insisté sur les effets bénéfiques du sport chez les patients cardiaques au vu d’une étude entreprise sur 441 798 sujets, dont 131 558 avec une maladie cardiovasculaire, suivis près de 6 ans. Seule la moitié des sujets, dont l’âge moyen était de 60 ans, pratiquaient une activité physique au niveau recommandé (et c’était encore pis chez les patients cardiaques !). Pourtant, lorsqu’ils s’y sont mis, les malades cardiaques ont tiré deux fois plus de bénéfices d’une pratique physique que les autres sujets (14 % de réduction de la mortalité globale versus 7 %, pour toute augmentation de l’activité physique hebdomadaire de 500 MET-minutes). Est-ce parce que les patients cardiaques étaient très sédentaires avant ? Que le sport réduit PA, glycémie, diminue l’inflammation systémique ? A voir. En tout cas le message est clair : Bouger.
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