Contrôle continu du glucose chez les adultes diabétiques de type 2 : possible mais pas forcément utile

23/01/2020 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
Le contrôle continu du glucose est potentiellement intéressant pour identifier les variations d’un jour à l’autre des profils glycémiques, permettant ainsi d’adapter les décisions thérapeutiques chez les diabétiques.

Mais quel intérêt présente une surveillance du glucose interstitiel continue chez les diabétiques de type 2, non plus analysée par le patient lui-même en temps réel mais analysée tous les 3 mois, à l’occasion d’une visite où le médecin ou l’infirmière relèvent les valeurs et utilisent les données pour modifier les traitements et cela en pratique générale ? Pour répondre à cette question une équipe australienne a mené une étude pragmatique en 2 bras, ouverte, pendant 12 mois, randomisée et contrôlée dans 25 cabinets de médecine générale à Victoria, en Australie. Les patients, diabétiques de type 2, âgés de 18 à 80 ans, dont l’hémoglobine glyquée était au moins de 0.5 % au-dessus de leur cible dans le mois précédent alors qu’ils avaient au moins 2 antidiabétiques oraux non insuliniques, qu’ils avaient de l’insuline ou les deux et un traitement stable depuis 4 mois, ont été inclus. Soit les patients étaient pris en charge de manière habituelle (groupe témoin), soit les patients utilisaient un contrôle du glucose continu, de type flash dont les résultats étaient analysés tous les 3 mois par un professionnel de santé. Les participants du groupe surveillance continue du glucose flash mettaient leur capteur pendant 5 à 15 jours avant la visite avec leur médecin généraliste et le capteur enregistrait le glucose interstitiel toutes les 15 minutes mais les glycémies n’étaient disponibles qu’au moment où le professionnel téléchargeait les résultats. Entre 2016 et 2017, 299 adultes (189 dans le groupe surveillance continue du glucose par un professionnel et 150 avec prise en charge habituelle) ont été inclus. A 6 mois, l’hémoglobine A1c était inférieure dans le groupe où un professionnel utilisait les données du glucose interstitiel en comparaison du groupe « prise en charge habituelle », avec une différence de -0.5 % (IC 95 % : -0.8 à -0.3 %, p = 0.0001). Toutefois à 12 mois, il n’y avait plus de différence significative d’hémoglobine glyquée entre les deux groupes (8.2 % vs 8.5 % avec une différence entre les groupes de -0.3 % ; -0.5 à + 0.01). Le pourcentage du temps moyen passé dans l’objectif glycémique à 12 mois était de 7.9 % supérieur dans le groupe surveillance du glucose interstitiel par le professionnel comparé au groupe témoin (p = 0.006). Les scores de qualité de vie étaient inchangés à 12 mois et il n’y avait pas de différence entre les groupes. Il n’y a pas eu d’épisode d’hypoglycémie sévère ou de décès lié au traitement. Un participant est décédé dans l’étude d’une cause non en relation avec le traitement. En conclusion, la surveillance continue du glucose en mode flash avec analyse des données par un professionnel tous les 3 mois chez les diabétiques de type 2 n’améliore pas à 12 mois l’hémoglobine glyquée en comparaison de la prise en charge habituelle mais améliore le temps passé dans l’objectif glycémique à 12 mois et l’hémoglobine glyquée à 6 mois. Ce type de surveillance continue du glucose peut donc être mis en place en soins primaires. Reste à savoir si le jeu en vaut la chandelle compte tenu du coût de ces technologies.

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Michel Lemariey-Barraud

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