Covid : passage d'une pandémie à une endémie

05/11/2021 Par Sylvie Coito
ORL
Le Pr Bruno Lina, virologue aux Hospices Civils de Lyon et membre du Conseil scientifique Covid-19 a fait un état des lieux de la situation sanitaire en France, lors du récent congrès de la Société Française d’ORL (SFORL). Il a notamment abordé la question de l’immunité individuelle et collective apportée par la vaccination.
 

Les virus dérivés du virus initial dit alpha de Wuhan ont évolué pour aboutir à un écrasement de tous les variants par le virus delta, indien, sans successeur désigné pour l’instant. La 4 ème vague se termine et, malgré un début de réaugmentation des contaminations, les perspectives d'évolution semblent plutôt bonnes avec en France un taux de 87% de vaccinés chez les plus de 30 ans.Cependant des interrogations sur l’immunité, sur les schémas vaccinaux subsistent. Faut-il une nouvelle souche vaccinale ? Le Pr Lina a rappelé "que les anticorps produits sont dirigés contre un antigène, mais ont une couverture un peu plus large. Ils couvrent donc les variants actuels". La question de l'établissement d'un vaccin à partir d'un mutant - par exemple celui du virus delta qui est très largement majoritaire - se pose cependant. Mais il faut savoir que le virus delta est éloigné, sur le plan antigénique, du virus sud-africain. Ainsi la réponse anticorps ciblée par un vaccin delta ne répondrait pas au virus sud-africain.   Immunité individuelle ou collective ? Le Pr Lina a insisté "Grâce à la vaccination, on contrôle au niveau individuel le risque de forme grave. Cependant, au niveau collectif, les risques de circulation persistent (...) Le vaccin actuel protège encore à 90 % contre les formes graves et c'est ça le succès de la vaccination. En revanche, on a perdu en efficacité contre la transmission, de l'ordre de 20 à 30 % : on est passé de 80 à 60-50 % d'efficacité. Il y a donc un risque de transmission du virus à partir de personnes vaccinées qui, pour la majorité d'entre elles, font des formes asymptomatiques ou légères. Avec la stratégie de pass sanitaire qui combine des sujets vaccinés et des sujets testés non immunisés, les vaccinés excréteurs silencieux peuvent contaminer ceux qui ont un test négatif et qui ne sont pas immunisés. Il y a donc un risque de reprise épidémique si le taux de vaccination ne franchit pas un certain seuil."  Néanmoins, le Pr Lina s’est voulu rassurant, car "avec plus de 80% de taux de vaccination, le seuil a dû être franchi". Le Pr Lina a souligné en conclusion que, dans cette épidémie, il persiste toujours plus de questions que de réponses : "le virus est appelé à rester parmi nous et à devenir endémique. A-t-on besoin d'une nouvelle souche vaccinale ? d’un nouveau schéma vaccinal ? Comment va évoluer la pandémie (nouveau variant, persistance ou non du virus, quid des autres virus respiratoires), faut-il alléger les mesures de contrôles ? Renforcement de la vaccination ?".

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