Diabète de type 1 après 60 ans : la surveillance continue du glucose permet de réduire la fréquence des hypoglycémies

30/06/2020 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie
La population des diabétiques de type 1 (DT1) âgés augmente du fait de l’amélioration de la prise en charge et donc de leur espérance de vie. Les sujets les plus âgés dont le DT1 est ancien sont plus soumis au risque d’hypoglycémies du fait de la diminution des signes d’alerte des hypoglycémies, des modifications éventuelles de leur état cognitif et cela malgré des objectifs glycémiques souvent plus lâches quand les diabétiques vieillissent.

Les techniques de surveillance continue du glucose interstitiel (SCG) maintenant disponibles permettent-elles de réduire les hypoglycémies chez les sujets âgés ? Afin de le savoir, un essai randomisé a été mis en place dans 22 centres d’endocrinologie aux Etats-Unis auprès de 203 sujets adultes de plus de 60 ans ayant un DT1. Les participants étaient randomisés pour soit se servir des données fournies par la SCG, dont ils connaissaient donc les résultats (n = 103), soit d’utiliser une surveillance glycémique capillaire standard (tout en étant branchés en SCG mais dont ils ne connaissaient pas les résultats). Le critère d’évaluation principal était le pourcentage du temps, mesuré en SCG, où le glucose était < 0.7 g/l au cours d’un suivi de 6 mois. Sur les 203 participants, d’âge médian 68 ans (intervalle interquartile 65 à 71 ans), avec une durée médiane du diabète de type 1 de 36 ans (25 – 48) et dont 52 % des femmes et 53 % des hommes utilisaient une pompe à insuline, l’hémoglobine glyquée moyenne initiale était de 7.5 ± 0.9 %. Au 6ème mois, 83 % utilisaient la surveillance continue du glucose pendant au moins 6 jours par semaine. Le temps médian pendant lequel le glucose était < 0.7 g/l était de 5.1 % (73 minutes par jour) au début de l’étude et de 2.7 % (39 minutes par jour) en fin d’étude dans le groupe SCG alors qu’il était, en début d’étude, de 4.7 % (68 minutes par jour) dans le groupe prise en charge par glycémie capillaire standard et passait à 4.9 % (70 minutes par jour) en fin d’étude, donnant une différence ajustée entre les traitements de -1.9 % (-27 minutes par jour ; IC 95 % = -2.8 % à -1.1 %, soit -40 à -16 minutes par jour, p < 0.001). Sur les 31 critères secondaires pré-spécifiés, il y avait une différence statistiquement significative sur toutes les mesures de la surveillance continue du glucose, sur 6 des 7 critères d’hémoglobine glyquée et sur aucun des critères cognitifs ou rapportés par les patients. L’hémoglobine glyquée a diminué dans le groupe SCG en comparaison du groupe surveillance capillaire standard avec une différence de groupe ajustée de -0.3 % (-0.4 à -0.1 %, p < 0.001). L’effet secondaire le plus souvent rapporté était les hypoglycémies sévères dans 1 cas d’utilisation de la sous SCG et dans 10 cas sous surveillance par glycémie capillaire. Les effets secondaires suivants étaient les fractures chez 5 des patients utilisant la SCG et 1 sous surveillance par glycémie capillaire, les chutes (respectivement 4 et 3 cas), les visites aux services d’urgence (respectivement 6 et 8 cas). En conclusion, chez les adultes de plus de 60 ans ayant un diabète de type 1, la surveillance continue du glucose en comparaison avec la surveillance de la glycémie capillaire standard permet une petite réduction mais une réduction statistiquement significative des hypoglycémies sur 6 mois.

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