Diabète de type 2 : le metformine reste une bonne option thérapeutique, même en cas de néphropathie avancée

18/05/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
La metformine est la première option pharmacologique dans le traitement du diabète de type 2. En cas de néphropathie avec altération de la fonction rénale, l’utilisation de ce médicament est limitée du fait du risque potentiel d’acidose lactique.

Toutefois, une équipe sud-coréenne a voulu évaluer, dans le cadre d’une étude de cohorte rétrospective, observationnelle, portant sur 10 426 patients ayant un diabète de type 2 et une insuffisance rénale, suivis dans deux grands hôpitaux, l’efficacité et la sécurité de la metformine chez ces patients. Les critères d’évaluation principaux étaient la mortalité, quelle qu’en soit la cause, et la progression vers l’insuffisance rénale terminale. Le critère d’évaluation secondaire était l’acidose lactique liée à la metformine. En prenant en compte le fait que les patients ayant une pathologie moins sévère recevaient plus volontiers de la metformine, un appariement en fonction du score de propensité a été utilisé. La mortalité globale et la survenue d’une insuffisance rénale terminale étaient inférieures dans le groupe metformine en analyse multivariée. Comme les deux groupes avaient des caractéristiques de base significativement différentes, un appariement par score de propensité a été réalisé. Après appariement, l’utilisation de la metformine restait associée à une moindre mortalité globale (hazard ratio ajusté = 0.65 ; IC 95 % = 0.57 – 0.73, p < 0.001) et à une moindre progression vers l’insuffisance rénale terminale (hazard ratio ajusté = 0.67 ; 0.58 – 0.77, p < 0.001). Seul un événement d’acidose lactique associé à la metformine a été enregistré. Dans les deux groupes, aussi bien le groupe initial que le groupe après appariement pour le score de propensité, l’utilisation de la metformine n’augmentait pas le risque d’acidose lactique, quelles qu’en soient les causes (hazard ratio ajusté = 0.92 ; 0.066 – 1.27, p = 0.629). En conclusion, dans cette étude rétrospective, l’utilisation de la metformine chez les patients ayant une insuffisance rénale avancée, particulièrement ceux ayant un stade d’insuffisance rénale 3B, diminue le risque de mortalité globale et de survenue d’une insuffisance rénale terminale. De plus, la metformine n’augmente pas le risque d’acidose lactique. Toutefois, en considérant les biais possibles, même après ajustement selon le score de propensité, il faudrait disposer d’études randomisées et contrôlées pour pouvoir proposer des changements pratiques en vie réelle et donner la metformine plus largement, même en cas d’insuffisance rénale sévère ! Ces données sont néanmoins très rassurantes et confirment ce qui avait déjà été montré dans d’autres études.

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