La dapagliflozine améliore l’insuffisance cardiaque à fraction d’éjection faiblement réduite ou préservée, indépendamment du statut glycémique

26/12/2022 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
Le diabète de type 2 et le pré-diabète sont des facteurs de risque de l’insuffisance cardiaque et l’étude DELIVER (Dapagliflozine Evaluation to Improve the Lives of Patients with Preserved Ejection Fraction Heart Failure) a montré que la dapagliflozine était associée à une réduction du critère d’évaluation principal qui était l’aggravation de l’insuffisance cardiaque ou la mortalité cardiovasculaire chez les patients ayant une insuffisance cardiaque à fraction d’éjection préservée.

L’analyse présentée dans ce numéro de Lancet Diabetes Endocrinol a été faite pour évaluer l’efficacité et la sécurité de la dapagliflozine orale chez ces patients en fonction de leur glycémie basale. DELIVER était une étude randomisée, en double insu, multicentrique, internationale versus placebo, réalisée dans 350 centres de santé ou hôpitaux à travers le monde (dans 20 pays). Les patients, âgés de plus de 40 ans, ayant une insuffisance cardiaque de classe II à IV avec une fraction d’éjection ventriculaire gauche de plus de 40 % et une élévation du pro-BNP ≥ 300 pg/ml (ou > 600 pg/ml chez les patients ayant une fibrillation auriculaire ou un flutter) ont été assignés à recevoir soit 10 mg de dapagliflozine, soit du placebo, administrés par voie orale avec un suivi médian de 2.3 années. Le critère d’évaluation principal était un critère composite du temps à partir de la randomisation jusqu’à un premier événement d’aggravation de l’insuffisance cardiaque (hospitalisation non programmée ou insuffisance cardiaque aiguë nécessitant un traitement intraveineux) ou à un décès cardiovasculaire et les participants ayant un diabète de type 2 avéré ou ayant un pré-diabète ont été comparés à ceux qui avaient une normo-glycémie (HbA1c < 5.7 %). Entre septembre 2018 et janvier 2021, 6263 patients ont été inclus et randomisés soit pour recevoir la dapagliflozine orale (n = 3131), soit du placebo (n = 3132). Sur ces patients, 1175 étaient normo-glycémiques, 1934 avaient un pré-diabète et 3150 avaient un diabète de type 2. Plus de la moitié (56.2 %) des patients étaient des hommes et 70.9 % étaient blancs. Le taux d’incidence du critère d’évaluation principal était de 6.9 pour 100 patients/année dans le groupe « normo-glycémie », augmentait à 7.6 pour 100 patients/année dans le groupe « pré-diabète » (hazard ratio = 1.09 ; IC 95 % = 0.90 à 1.31) et augmentait à 10.1 pour 100 patients/année dans le groupe « diabète de type 2 » (hazard ratio = 1.46 ; 1.24 à 1.73 ; p < 0.0001 pour la tendance). La dapagliflozine réduisait le risque de survenue du critère d’évaluation principal en comparaison du placebo dans chacun des sous-groupes (hazard ratio = 0.77 ; 0.57 à 1.04 ; p = 0.088 chez les patients ayant une normo-glycémie ; HR = 0.87 ; 0.69 à 1.08 ; p = 0.21 chez les patients ayant un pré-diabète et HR = 0.81 ; 0.69 à 0.95 ; p = 0.0077 chez les patients diabétiques de type 2). Les complications rénales sévères ou les effets secondaires conduisant à un arrêt de l’étude, les hypoglycémies et les amputations n’étaient pas différents dans les différentes catégories de glycémies. En conclusion, chez les patients ayant une insuffisance cardiaque avec une fraction d’éjection conservée ou faiblement réduite, la dapagliflozine orale améliore l’insuffisance cardiaque de la même façon, que les patients soient normo-glycémiques, pré-diabétiques ou aient un diabète de type 2. De plus, les bénéfices en termes d’insuffisance cardiaque de la dapagliflozine semblent constants à travers les différents niveaux de glycémie.

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