La metformine réduirait les complications métaboliques des glucocorticoïdes au long cours

01/04/2020 Par Pr Philippe Chanson
Endocrinologie-Métabolisme
L’exposition aux glucocorticoïdes, lorsqu’ils sont donnés à visée anti-inflammatoire pour les pathologies inflammatoires, est à l’origine d’effets secondaires métaboliques avec, au maximum, un tableau de syndrome de Cushing dont la morbidité élevée est connue.

  Une équipe londonienne a voulu évaluer l’intérêt de la metformine pour lutter contre ces effets métaboliques tout en gardant le bénéfice anti-inflammatoire des glucocorticoïdes. Pour cela ils ont mis en place une étude randomisée, en double insu versus placebo, de phase 2 impliquant 4 hôpitaux du Royaume-Uni. Les patients sans diabète étaient incluables s’ils avaient entre 18 et 75 ans, avaient une maladie inflammatoire traitée par prednisolone en continu et une dose ≥ 20 mg par jour pendant plus de 4 semaines et restant à plus de 10 mg par jour dans les 12 semaines suivantes ou en dose équivalente cumulée. Ils recevaient, de manière randomisée, soit la metformine, soit du placebo après une stratification en fonction de l’IMC. La metformine et le placebo étaient donnés pendant 12 semaines à dose progressive : 850 mg par jour pendant les 5 premiers jours, 850 mg X 2 par jour pendant les 5 jours suivants, puis 850 mg X 3 par jour. Le critère d’évaluation principal était la différence entre les groupes en termes de rapport de la graisse viscérale sur la graisse sous-cutanée en scanner et cela sur 12 semaines. Les critères secondaires étaient les variations métaboliques, osseuses, cardiovasculaires et inflammatoires sur 12 semaines.  Entre 2012 et 2014, 849 patients ont été évalués dont 53 ont été assignés de manière randomisée soit à la metformine (n = 26), soit au placebo (n = 27) pendant 12 semaines. 19 patients du groupe metformine et 21 du groupe placebo ont pu être analysés pour le critère d’évaluation principal. Les deux groupes recevaient une dose cumulée équivalente de glucocorticoïdes (1 860 mg de prednisone-équivalent dans le groupe metformine et 1 770 mg dans le groupe placebo, p = 0.76). En fait, aucune variation du rapport des surfaces de graisse viscérale à la graisse sous-cutanée n’a été observée entre les groupes de traitement (0.11 ; IC 95 % = -0.02 à +0.24, p = 0.09) mais les patients du groupe metformine ont perdu de la graisse sous-cutanée au niveau du tronc en comparaison des patients du groupe placebo (-3 835 mm2, IC 95 % = -6 781 à -888 ; p = 0.01). Une amélioration des marqueurs du métabolisme glucidique, lipidique, hépatique et osseux a été constatée dans le groupe metformine en comparaison du groupe placebo. De plus les patients sous metformine ont amélioré la fibrinolyse, l’épaisseur de l’intima media au niveau de la carotide, les paramètres inflammatoires et les marqueurs cliniques d’activité de leur maladie sous-jacente. La fréquence des pneumonies (1 événement dans le groupe metformine vs 7 dans le groupe placebo ; p = 0.01), la fréquence des taux d’infection modérés à sévères, globale (2 dans le groupe metformine vs 11 dans le groupe placebo ; p = 0.001) et la fréquence des hospitalisations hospitalières quelle qu’en soit la cause, du fait d’effets secondaires (1 dans le groupe metformine et 9 dans le groupe placebo ; p = 0.001) étaient donc inférieures dans le groupe metformine en comparaison du groupe placebo. En revanche, les patients du groupe metformine avaient plus souvent de la diarrhée que dans le groupe placebo (18 événements vs 8 ; p = 0.01).  En conclusion, même s’il n’y a pas de variation significative des rapports graisse viscérale / graisse sous-cutanée entre les patients prenant de la metformine et les patients prenant du placebo, la metformine semble améliorer le profil métabolique et un certain nombre de critères cliniques chez les patients sous corticoïdes pour maladie inflammatoire, ce qui devrait conduire à de nouvelles investigations. 

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