Les tatouages associés à un surrisque de lymphome
De nouvelles données suggèrent un lien entre les tatouages et le risque de développer un lymphome.
Des chercheurs de l’Université de Lund en Suède ont, en effet, voulu approfondir les connaissances concernant les effets à long terme des tatouages sur la santé et plus précisément le risque de lymphome.
Pour cela, ils ont mené une étude à partir de registres de cancers de la population suédoise. Ils ont ainsi identifié un ensemble de 11 905 personnes, parmi lesquelles, 2 938 avaient eu un lymphome entre 20 et 60 ans. Parmi ces derniers, 1 398 ont répondu à un questionnaire permettant de préciser s’ils étaient tatoués. Ils ont ensuite été appariés à 4 193 personnes du même sexe et du même âge, constituant le groupe témoin.
Les auteurs ont alors mis en évidence que 21% des personnes ayant eu un lymphome étaient tatouées, contre 18% dans le groupe témoin. Après avoir pris en compte différents facteurs confondants tels que le tabagisme et l’âge, les chercheurs ont montré qu’il existait un risque supérieur de 21% de développer un lymphome chez les personnes tatouées (RR = 1,21 ; IC à 95 % : 0,99 à 1,48). Le risque est apparu le plus élevé lorsque le tatouage était récent - moins de 2 ans - (RR = 1,81 ; IC à 95 % 1,03–3,20). Puis il diminuait lorsque la durée d'exposition était comprise entre trois à dix ans), pour ensuite augmenter à nouveau chez les individus ayant reçu leur premier tatouage 11 ans et plus avant l'année d'indexation (RR = 1,19 ; IC à 95 % 0,94–1,50).
Pas d’influence de la taille du tatouage
Les auteurs ont aussi voulu savoir si la taille du tatouage avait une influence sur le risque. Mais il s’est avéré que non : "De manière inattendue, la zone tatouée de la surface du corps s’est avérée sans importance", confirme un communiqué de l’Université de Lund. "Nous ne savons pas encore pourquoi c’est le cas. On ne peut que supposer qu’un tatouage, quelle que soit sa taille, déclenche une inflammation légère dans le corps, qui à son tour peut déclencher un cancer. Le tableau est donc plus complexe que nous le pensions initialement", explique Christel Nielsen, chercheuse à l'Université de Lund, qui a dirigé l'étude.
Le fait d’être exposé pendant une grande partie de sa vie à l’encre du tatouage pourrait intervenir. "Nous savons déjà que lorsque l’encre du tatouage est injectée dans la peau, le corps l’interprète comme quelque chose d’étranger qui ne devrait pas être là et le système immunitaire est activé. Une grande partie de l'encre est évacuée de la peau, vers les ganglions lymphatiques où elle se dépose", complète Christel Nielsen.
Quoiqu’il en soit, ces "résultats doivent maintenant être vérifiés et approfondis dans d'autres études et ces recherches sont en cours", souligne la chercheuse. Et l’équipe va aussi tenter d’analyser le risque sur d’autres types de cancer, ainsi que d’autres maladies inflammatoires. "Les gens voudront probablement continuer à exprimer leur identité à travers des tatouages, et il est donc très important que nous, en tant que société, puissions garantir que cela est sûr. Pour le particulier, il est bon de savoir que les tatouages peuvent affecter votre santé et que vous devez vous tourner vers votre professionnel de la santé si vous ressentez des symptômes qui, selon vous, pourraient être liés à votre tatouage", conclut Christel Nielsen.
Références :
Nielsen C. et al. eClinical Medicine (21 mai). Communiqué de l’Université de Lund (24 mai)
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