Maladies hépatiques : vers un dépistage systématique par dosage des transaminases

17/01/2018 Par Marielle Ammouche
Hépato-gastro-entérologie

Le 11ème congrès Paris Hepatology Conférence qui s’est tenu les 15 et 16 janvier, a été l’occasion, pour les spécialistes mondiaux des maladies hépatiques de souligner la nécessité de renforcer le dépistage de ces pathologies dont la gravité est largement sous-estimée, et qui pourtant font partie des rares maladies chroniques à être accessibles à une véritable prévention.

Ainsi, les estimations mondiales les plus récentes indiquent que les maladies du foie concerneraient 844 millions de personnes dans le monde - ces chiffres étant, probablement sous-estimés. Ces pathologies sont, en outre, à l’origine d’un taux de mortalité élevé : 2 millions de décès par an, ce qui est supérieur à la mortalité du diabète responsable de 1,6 millions de décès et qui touche deux fois moins de sujets (422 millions), tiennent à souligner les experts. On dénombre chaque année 633 000 cirrhoses. Et le cancer du foie est dorénavant la troisième cause de décès liée au cancer avec 692 000 cas par an dans le monde, et 49 00 décès. Et on estime, qu'à l'horizon 2030, le taux de mortalité pourrait augmenter de 50%. Les taux élevés de complication et de mortalité sont liés au fait que les maladies hépatiques restent longtemps asymptomatiques. Elles souffrent aussi d’un manque de connaissance du grand public et sont sous-diagnostiquées par les médecins. En conséquence, ces pathologies sont fréquemment découvertes à un stade tardif. En France la prévalence des cirrhoses est en augmentation avec 700 000 cas comptabilisés actuellement, dont 30% à un stade sévère ou de cancer. Les cirrhoses sont responsables de 10 000 à 15 000 décès par an. De plus, près de 9 000 nouveaux cas de cancer du foie sont rapportés par an conduisant au décès dans 3/4 des cas (près de 7 000 morts). La survie à 5 ans de ce type de cancer est estimée à 10 % seulement. Pour le Pr Patrick Marcellin, fondateur du PHC, "il est urgent de mettre en place des actions de masse pour faire baisser la mortalité des maladies du foie". Cela passe par le dosage systématique des transaminases lors des examens de routine. En effet, un taux élevé de transaminases (Asat/Alat) constitue un indicateur fiable de l'inflammation du foie, mécanisme central responsable de la progression des maladies du foie. Mais sa corrélation avec la sévérité de la maladie du foie n'est pas parfaite et toute augmentation, même minime doit alerter, précisent les hépatologues. Le dosage des transaminases permet le dépistage d'une maladie du foie quelle qu'en soit la cause. Le stade de la maladie, fibrose ou cirrhose, peut alors être déterminé dans un deuxième temps par des examens complémentaires fiables (scores, tests sanguins, élastométrie). "Nous devons sensibiliser le public, les professionnels de santé et les autorités de santé publique pour encourager la mise en place de politiques efficaces afin de diminuer la mortalité liée aux maladies du foie à court et à long à terme, insiste le Pr Marcellin. Le dosage des transaminases respecte tous les critères de dépistage : c'est un test simple, bon marché disponible partout et dont la sensibilité, lorsqu'il est correctement interprété, est satisfaisante. En d'autres termes, le dosage systématique des transaminases lors de tout examen de routine constitue aujourd'hui le meilleur outil pour dépister à grande échelle les maladies du foie encore trop souvent négligées".  

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Michel Pailleux

Michel Pailleux

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