A la mi-janvier 2022, le nombre de cas de Covid-19 confirmés en France avoisinait les 14 millions, et ce, sans prendre en compte les nombreux cas non confirmés de la première vague. Tandis que la majorité des patients guérit dans les deux à trois semaines après le début des symptômes, un certain nombre d’entre eux demeurent symptomatiques au-delà de quatre semaines. Cette entité a été rapidement nommée Covid long par les patients puis syndrome post-Covid-19 par la communauté scientifique. En outre, une enquête récente auprès de médecins généralistes français indiquait que plus de la moitié d’entre eux avait reçu en consultation au moins un patient pour une problématique de syndrome post-Covid-19 (1).
Le Sars-CoV-2 n’est pas le premier agent infectieux responsable de syndrome de fatigue ou de douleur chronique : le virus d’Epstein-Barr, certaines infections bactériennes, ainsi que la maladie de Lyme peuvent eux aussi engendrer des syndromes similaires.
Des facteurs de risque identifiés
Le syndrome post-Covid est défini par la Haute Autorité de santé (HAS) comme un épisode initial de Covid-19 prouvé ou au moins probable avec persistance d’au moins un symptôme au-delà de quatre semaines suivant la phase aiguë, avec absence de diagnostic alternatif pouvant expliquer les symptômes. La présentation clinique de ce syndrome est polymorphe avec plus de 150 symptômes persistants décrits dans la littérature. En dehors de l’anosmie, la plupart d’entre eux sont non spécifiques : fatigue, dyspnée, troubles de la concentration, céphalées et myalgies sont les plus fréquemment rapportés. Les symptômes respiratoires sont relativement fréquents avec toux sèche et douleurs ou oppression thoracique. Sur le plan rhumatologique, arthralgies, myalgies et douleurs neuropathiques sont retrouvées. Enfin, des troubles psychologiques associés sont détectables dans plus d’un tiers des cas avec des troubles du sommeil, des syndromes anxieux ou dépressifs et des états de stress post-traumatique. S’il existe des cas pédiatriques, l’âge moyen des patients atteints de syndrome post-Covid-19 est de 45 à 50 ans avec une prédominance féminine (60 à 75 % selon les études). Les autres facteurs de risque semblent être un âge élevé, le surpoids/obésité, la présence de comorbidités notamment pulmonaire et la gravité initiale du Covid-19 (2).
Des hypothèses physiopathologiques
Le Covid long pourrait s’expliquer par des séquelles d’organes à la suite de l’infection initiale. Il a été retrouvé des lésions interstitielles pulmonaires (y compris de la fibrose) ainsi que de la fibrose myocardique chez des patients ayant eu un Covid, notamment en cas de forme inflammatoire. Une méta-analyse récente rapportait des lésions en verre dépoli chez 23,1% des survivants de Covid-19 et des lésions de fibrose chez 7% (3). Les séquelles peuvent également être thromboemboliques ou spécifiques d’un autre organe (insuffisance rénale).
Par ailleurs, une persistance virale dans certains réservoirs (système nerveux central, tube digestif) pourrait être responsable d’une réponse inflammatoire locale directe ou indirecte. De rares cas de persistance prolongée de virus ont été rapportés chez des patients fortement immunodéprimés (4). La persistance de reliquats d’antigènes viraux responsable d’une toxicité locale et/ou de la promotion d’une réponse inflammatoire chronique pathogène pourrait aussi expliquer ce syndrome. Une étude a montré la présence de protéine et d’ARN de Sars-CoV-2 dans l’épithélium neuro-olfactif de certains patients atteints d’anosmie prolongée post-Covid-19 (5). Enfin, une origine fonctionnelle semble probable chez certains patients. Les troubles psychologiques dont la prévalence a fortement augmenté durant la pandémie peuvent à eux seuls expliquer la présentation de certains patients. De plus, un effet nocebo peut être facilité par le contexte anxiogène de la pandémie. L’analyse de la cohorte française Constances (6) montre que la croyance d’avoir contracté le Covid-19 était statistiquement associée au risque de présenter de nombreux symptômes de Covid long.
Une prise en charge globale
Les objectifs principaux de la prise en charge diagnostique sont d’éliminer une atteinte d’organe active et surtout de rechercher la présence d’un diagnostic différentiel qui pourrait justifier une prise en charge spécifique. En cas d’atteinte initialement sévère, la recherche de séquelles d’organes peut être proposée. Un avis spécialisé doit être sollicité en présence de douleurs inexpliquées persistantes ou un syndrome inflammatoire. Des recommandations thérapeutiques ont été publiées par la HAS. La prise en charge doit être pluridisciplinaire et coordonnée par le médecin traitant. Une écoute empathique et un traitement symptomatique des plaintes doivent être privilégiés. La prise en charge rééducative est conseillée, avec une réadaptation à l’effort progressive et adaptée. S’il n’y a pas de traitement médicamenteux spécifique aujourd’hui, un traitement adapté pourra être proposé en cas de douleurs neuropathiques. Comme dans tous les syndromes douloureux chroniques, les morphiniques sont à proscrire. Enfin, un soutien psychologique, voire psychiatrique, est indispensable en cas de symptômes entraînant une altération significative de la qualité de vie.
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