Pourquoi les analogues du GLP1 et les inhibiteurs de DPP4 n’ont-ils pas les mêmes effets dans les études randomisées et dans la vraie vie?

09/11/2017 Par Pr Philippe Chanson
Diabétologie

Malgré le développement de nombreux médicaments utilisables dans le diabète de type 2 au cours des 10 dernières années, seule la moitié des adultes diabétiques de type 2 aux Etats-Unis obtiennent une hémoglobine glyquée < 7 %, une proportion qui ne s’est pas améliorée au cours des 10 dernières années.

Pourtant, ces nouveaux médicaments ont une efficacité démontrée dans les études randomisées. Or, en vie réelle, cette efficacité est moindre sans qu’on en connaisse réellement la raison, ce qui a amené une équipe américaine à essayer d’estimer et d’expliquer la différence entre l’efficacité clinique et l’efficacité en vie réelle pour les médicaments du diabète de type 2. Ils ont pour cela utilisé une méthode mixte à partir de demandes rétrospectives pour comparer les variations de l’hémoglobine glyquée en vie réelle 12 mois après le début d’un traitement par agoniste du GLP1 ou par inhibiteur de DPP4 et les données obtenues dans les essais randomisés contrôlés. En vie réelle, les patients démarrant un agoniste du récepteur du GLP1 ou un inhibiteur de DPP4 ont eu une réduction de l’hémoglobine glyquée inférieure (agoniste du GLP1 : -0.52 %, IDPP4 : -0.51 %) à celle observée chez le même type de patients dans les essais randomisés contrôlés (-1.3 % pour les essais randomisés des 7 analogues du GLP1 et -0.68 % pour les essais randomisés des 4 inhibiteurs de DPP4). Les facteurs explicatifs de la modification de l’hémoglobine glyquée en vie réelle étaient l’hémoglobine glyquée basale, les médicaments associés et l’observance. Les estimations modélisées de l’efficacité dans les essais randomisés (-1.04 % pour les analogues de GLP1 et -0.69 % dans les inhibiteurs de DPP4) se situaient dans l’intervalle rapporté des essais randomisés (c’est-à-dire analogue de GLP1= -0.84 % à -1.6 % et pour les inhibiteurs de DPP4= -0.47 % à -0.90 %). Une mauvaise observance était l’explication d’environ trois-quarts de la différence entre les résultats obtenus en vie réelle et les résultats attendus selon les essais randomisés (différence = 0.51 % pour les analogues du GLP1 et 0.18 % pour les inhibiteurs de DPP4). En conclusion, une moins bonne observance thérapeutique est la raison principale expliquant que l’efficacité en vie réelle est significativement inférieure à l’efficacité dans les essais randomisés pour les analogues du GLP1 et pour les inhibiteurs de DPP4, ce qui suggère la nécessité absolue de s’intéresser à ce problème d’observance chez les patients diabétiques de type 2.

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