Rougeole, varicelle, grippe... L’Académie de pharmacie recommande d'élargir l'obligation vaccinale des soignants
Dans un contexte global de doutes concernant la vaccination, liée en grande partie à une forte médiatisation de ses opposants qui remettent en cause les bienfaits des vaccins et leur innocuité, l’Académie de pharmacie s’est intéressée à la vaccination des professionnels de santé, qui selon elle, doivent montrer l’exemple. L’institution fait en effet le constat « alarmant » d’une « insuffisance de la couverture vaccinale chez les professionnels de santé qui, pour certains, semblent oublier que la vaccination présente non seulement un bénéfice individuel, mais également un bénéfice pour les patients et pour leur entourage ». Elle rappelle ainsi que « l’absence de vaccination des professionnels de santé est responsable d’infections nosocomiales parfois graves (coqueluche, rougeole, grippe saisonnière…) lorsqu’elles surviennent chez les sujets physiologiquement (nourrissons, personnes âgées) ou pathologiquement immunodéprimés, ou atteints de certaines maladies chroniques ». Dans leur rapport, les académiciens font, à partir de données bibliographiques et d’auditions de spécialistes en infectiologie et en vaccinologie, une analyse des couvertures vaccinales et de leurs déterminants, et proposent des recommandations pour améliorer la situation. Des taux insuffisants pour les vaccinations recommandées Il en ressort un manque de données global dans cette population. Cependant, la couverture vaccinale apparait « très insuffisante » : < 50 % pour la rougeole « deux doses » ; < 45 % pour le rappel coqueluche de l’adolescence ; et < 30 % pour la varicelle. Concernant la grippe saisonnière, elle a été estimée à 46% au cours de l’hiver 2016-2017. Les motifs généralement invoqués par les praticiens sont du même ordre que ceux qu’on retrouve dans la population générale à savoir : la perception du manque d’efficacité ou des doutes sur l’efficacité du vaccin ; une réticence, voire une opposition à la vaccination ; et la crainte des effets secondaires du vaccin. L’Académie propose donc que l’obligation vaccinale des professionnels de santé repose « en priorité sur les risques d’exposition et de transmission à des populations fragiles », et « le rapport bénéfices/risques individuel et collectif ». Elle recommande donc l’obligation vaccinale contre la rougeole « pour tous les professionnels de santé en exercice ou en formation, avant leur premier stage professionnel, avec rattrapage à deux doses ». Il en est de même pour le vaccin contre la coqueluche qui devrait être obligatoire « pour tous les professionnels de santé en formation ou en poste, sans exception », et notamment ceux qui sont en contact « étroit et répété » avec les nourrissons ou les personnes âgées. Les académiciens préconisent aussi l’obligation vaccinale contre la varicelle pour tous les professionnels et les étudiants en contact avec les jeunes enfants. Ces recommandations étant valables aussi les professionnels libéraux et ceux du secteur médicaux social. Pour les académiciens, l’obligation doit aussi concerner la vaccination contre la grippe saisonnière, préconisée « a minima » pour tous les professionnels de santé et les étudiants en contact avec des personnes âgées, mais idéalement pour « tous les professionnels médicaux, paramédicaux et pharmaceutiques en formation ou exerçant dans une structure de santé ou de soins, publique ou privée, y compris tous les personnels des pharmacies d’officine en contact avec les patients (pharmaciens, préparateurs, stagiaires, etc.) ». Cela devrait s’accompagner de la gratuité sans avance de frais, et de la mise en place d’un système de traçabilité. L’Académie appelle par ailleurs à une harmonisation du calendrier vaccinal, des recommandations et des obligations vaccinales en Europe Enfin, ces mesures doivent être inclues dans un programme global de renforcement de la formation initiale et continue sur ce sujet, et de lutte contre les idées reçues. L’Académie se dit « en accord avec les propos de Madame la Ministre des Solidarités et de la Santé de faire appel à la déontologie des professionnels de santé en vue d’une conduite exemplaire auprès des personnels de santé et de la population ».
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