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Rumeurs de vente de Biogaran : l’Etat se montre très mobilisé

Des rumeurs de plus en plus insistantes affirment que le laboratoire Biogaran, géant des médicaments génériques en France et filiale de Servier, pourrait être vendu à un groupe indien. Face aux inquiétudes concernant en particulier le risque de délocalisations, le Gouvernement, par la voix du ministre délégué chargé de l'Industrie, Roland Lescure, s’est dit, vendredi 19 avril, "énervé" par la perspective de cette cession potentielle, et "prêt à recevoir les acheteurs potentiels".  

19/04/2024 Par M. A.
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"J'ai dit clairement au laboratoire Servier que je ne souhaitais pas qu'ils vendent Biogaran", a déclaré Roland Lescure sur RMC. "S'ils souhaitent le faire, je serai extrêmement ferme et j'examinerai toutes les conditions qu'on peut imposer." "Ce qui m'énerve le plus, c'est que ça fait des mois qu'on met en place une politique pro-active pour faire venir de grands laboratoires pharmaceutiques en France... Pfizer, Astra Zeneca, Novo Nordisk, ils viennent en France et c'est le moment que choisit le laboratoire Servier pour vendre (...). Ça, je le regrette", a observé Roland Lescure, insistant sur l'importance que les sites de production demeurent en France. "Je suis prêt à recevoir les acheteurs potentiels dans mon bureau pour leur expliquer les conditions auxquelles nous serions éventuellement prêts à regarder ce type de transaction", a-t-il conclu, tout en précisant que "pour l'instant, il n'y a pas de transaction, il n'y a pas d'offre, il n'y a pas de proposition".

Biogaran, actuellement détenu par le groupe Servier, revendique de produire une boîte de médicaments sur huit parmi toutes celles qui sont vendues en France. 

D'après Les Echos de mercredi, Servier a mis en vente Biogaran depuis plusieurs mois et deux acquéreurs indiens sont sur les rangs. Moteur de cette décision, selon le journal, le caractère particulièrement peu rentable de la production de génériques en France, un regret régulièrement exprimé par l'ensemble du secteur. 

Ces rumeurs de ventes ne sont pas neuves, ayant déjà donné lieu à un article de la revue L'Informé en décembre. Et rien n'est officiel: interrogé par l'AFP, Servier a assuré jeudi 18 avril qu'"aucune décision" n'était prise quant à Biogaran, tout en rappelant son attention à "maximiser le potentiel" de ses activités. Mais l'article des Echos a d'ores et déjà suscité des réactions particulièrement vives au sein du monde politique. A droite, Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, a demandé au Gouvernement de "s'opposer à cette vente" si l'acheteur n'était pas européen, tandis qu'à l'extrême-droite, Florian Philippot, président des Patriotes, a dénoncé une "nouvelle trahison" de l'exécutif. Le député Bertrand Pancher, à la tête du groupe parlementaire composite Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), a jugé "urgent" et "essentiel" que Biogaran reste français.
  
De nombreux risques liés à une délocalisation

L’enjeu est en effet important. Le groupe, qui compte lui-même 240 salariés, joue surtout un gros rôle via ses sous-traitants avec 8 600 emplois à la clé. Mais plus largement, le contexte actuel est particulièrement tendu, marqué par des pénuries de médicaments.

Ce phénomène n'a pas une cause unique, mais les économistes citent en particulier la concentration de plus en plus importante de la production des principes actifs en Chine et en Inde. En particulier l'amoxicilline, antibiotique le plus couramment prescrit, fait partie des nombreuses molécules produites par Biogaran, une activité largement réalisée en Europe. Le groupe assure produire 90% de ses médicaments en Europe et une bonne moitié d'entre eux en France, des chiffres qui ne prennent pas seulement en compte l'activité directement contrôlée par le groupe mais aussi celle de ses sous-traitants.

Un acquéreur étranger délocaliserait-il en masse cette activité, au risque d'aggraver les pénuries ? Impossible d'aller actuellement au-delà de pures spéculations, mais la situation est potentiellement embarrassante pour le Gouvernement. Celui-ci a, en effet, fait de la "reconquête sanitaire" un objectif affiché, dans la foulée de difficultés observées lors de la crise du Covid, en particulier des pénuries de masques. Il a promis de relocaliser en France tout ou partie de la production d'une cinquantaine de médicaments jugés essentiels. Dans ce contexte, l'exécutif a donc assuré jeudi, par la voix de Roland Lescure, qu'il était prêt à agir en cas de vente de Biogaran à un investisseur étranger. "Nous nous laissons la possibilité d'activer la procédure dite IEF [investissement étranger en France, NDLR]", a précisé le ministre, rappelant que cet outil permet de "contrôler les investissements réalisés par des entreprises étrangères en France dans des secteurs stratégiques".

Références :

Avec AFP.

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