Afin de savoir plus précisément ce qu’il en est, l’équipe du Cholesterol Treatment Trialists’Collaboration, vaste consortium d’épidémiologistes de différents pays a réalisé une méta-analyse de toutes les données individuelles des participants concernant tous les effets secondaires musculaires enregistrés dans les essais à long terme, randomisés, en double insu, sur le traitement par statine et portant sur de larges populations (au moins 1000 participants, durée de traitement d’au moins 2 ans, avec comparaison en double insu des statines versus placebo ou d’un traitement plus intensif par statine versus un traitement moins intensif). Les données individuelles des participants ont été compilées (énorme travail… !) et analysées dans 19 essais de statine versus placebo (n = 123 940) et 4 essais en double insu comparant un traitement plus intensif à un traitement moins intensif (n = 30 524 sujets). Dans les essais versus placebo (âge moyen 63 ± 8 ans, 27.9 % de femmes), 59 610 (soit 48.1 %) des participants avaient une maladie cardiovasculaire préalable, 22 925 (18.5 %) avaient un diabète, le suivi moyen médian a été de 4.3 années. Dans ces études, 16 835 (27.1 %) patients ont reçu une statine et 26.6 % (soit 16 446) patients ont eu des symptômes à type de douleurs musculaires ou de faiblesse musculaires, donnant un rapport de survenue de 1.03 (IC 95 % = 1.01 – 1.06). Au cours de la 1ère année, le traitement par statine a entraîné une augmentation relative de 7 % des douleurs musculaires ou de la faiblesse musculaire (1.07 ; 1.04 – 1.10) correspondant à un taux absolu d’excès de 11 (6 – 16) événements pour 1000 personnes/année, ce qui indique que seulement 1 sur 15 de ces événements musculaires rapportés par les patients sous statine était réellement dû au traitement par statine. Après 1 an, il n’y avait plus d’excès d’événement musculaire rapporté par les patients (0.99 ; 0.96 – 1.02). Pour toutes les années combinées, les régimes de traitements plus intensifs par statine (c’est-à-dire 40 à 80 mg d’atorvastatine ou 20 à 40 mg de rosuvastatine quotidiens) donnaient un risque relatif supérieur en comparaison des régimes moins intensifs ou d’intensité modérée : RR = 1.08 (1.04 – 1.13) versus 1.03 (1 – 1.05) en comparaison du placebo et un petit excès persistait pour les régimes de traitement plus intensif (1.05 ; 0.99 – 1.12) après la 1ère année. Il n’y avait pas d’argument net pour penser que le risque relatif variait en fonction des statines ou en fonction des circonstances cliniques pour lesquelles elles étaient données. Le traitement par statine donnait une petite augmentation cliniquement non significative dans les valeurs de CPK médianes d’environ 0.02 fois la limite supérieure de la normale ! Le traitement par statine est donc responsable d’un très petit excès de douleurs musculaires, le plus souvent très modérées (11 événements pour 1000 personnes/année de traitement). Plus de 90 % de tous les symptômes musculaires rapportés par les participants qui avaient un traitement par statine n’étaient donc pas dus au traitement par statine. Les petits risques de symptômes musculaires sont beaucoup moins importants que les bénéfices cardiovasculaires connus et il est donc capital de revoir la prise en charge clinique des symptômes musculaires chez les patients qui prennent des statines.
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