Syndrome du bébé secoué : la HAS défend ses recommandations face aux polémiques
Avec les organisations professionnelles et associations de patients qui ont été mobilisées pour les élaborer, l’agence sanitaire refuse ainsi « de laisser sans réaction la mise en cause de la compétence et de la probité scientifique de leurs experts », écrit-elle dans ce document publié le 19 décembre. Il s’agit en réalité d’une réaction aux accusation portées au début du mois de décembre par une association de parents et son avocat, qui affirmaient que ces recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) seraient à l’origine de nombreuses erreurs judiciaires, les parents étant faussement accusés de maltraitance sur leur nourrisson. L’association demandait donc le retrait du texte. Au contraire, l’autorité sanitaire souligne aujourd’hui l’importance et la pertinence de ces recommandations qui visent à améliorer le repérage, le diagnostic et la prévention de ces maltraitances. Les professionnels de santé interviennent en effet à plusieurs niveaux : qu'ils exercent aux urgences ou en cabinet de ville, « ils sont les plus à même de reconnaître les signes évocateurs d'une maltraitance ainsi que les situations à risque. Ils sont également – par le lien qu'ils établissent avec les familles – des acteurs essentiels de la prévention, en donnant par exemple des conseils aux jeunes parents sur la façon de gérer les pleurs d'un bébé », affirme la HAS. Ils ont aussi « l'obligation légale et déontologique de réagir s'ils suspectent un cas de maltraitance afin de protéger l'enfant ». Ils doivent alors signaler cette situation « même s'ils ne sont pas certains de la maltraitance et sans avoir à en apporter la preuve », souligne l’Agence. Une enquête sera pour cela mise en place par les autorités compétentes.
L’implication des médecins est d’autant plus importante que le SBS a des conséquences particulièrement graves. « Plus de 10% des bébés secoués meurent des suites des traumatismes crâniens infligés et plus des ¾ des enfants survivants gardent des séquelles à vie ». Plusieurs centaines d'enfants sont concernés chaque année, majoritairement des nourrissons de moins de un an de sexe masculin.
La HAS, de même que « l'ensemble des sociétés savantes et associations qui ont mené ce travail », insiste sur « la qualité de cette recommandation », et considère comme « inacceptable » cette remise en cause « de la probité scientifique des membres du groupe du travail ». Sur la forme, la HAS rappelle la rigueur des méthodes employées, en insistant sur le nombre élevé et la pluridisciplinarité des experts consultés. Ainsi, le premier travail de 2011 a réuni plus de 50 experts du monde de la santé, des associations, du secteur social, de la justice, de la police et de la gendarmerie ainsi que de la société civile. Et en 2017, un « groupe de travail de 30 personnes choisies parmi celles proposées par des instances nationales professionnelles, des associations de défense des droits de l'enfant ainsi qu'un magistrat et un avocat » a été mis en place, qui a procédé notamment à l’analyse de 310 publications. La recommandation finale a été relue par les différents partenaires, instances professionnelles, sociétés savantes et associations.
« Aujourd'hui comme hier, l'engagement de la HAS et des professionnels de santé dans la prévention et le repérage des maltraitances ainsi que dans la protection de l'enfance sont des engagements profonds car soigner, c'est également prévenir et protéger », conclut l’autorité sanitaire.
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