Un rapport de l’Igas très critique sur le programme nutrition santé
"Limité", "contesté", "peu lisible", "impact marginal", "financement discutable"… C’est en ces termes que l’Igas juge le 3è Programme national nutrition santé (2011-2015), dans l’évaluation qu’elle vient de publier. Une "refonte complète" apparait nécessaire.
L’inspection générale des affaires sociales (Igas) vient de publier une évaluation du 3ème Programme national nutrition santé (PNNS 3, 2011-2015) et du Plan obésité (2010-2013). Elle reconnait que ces plans ont favorisé la prise de conscience du rôle fondamental de la nutrition et de la sédentarité dans l’émergence de certaines pathologies, mais elle en dénonce "les limites, aujourd’hui manifestes". Les auteurs de ce rapport (Charles de Batz, Félix Faucon et Dominique Voynet) considèrent que le PNNS, initié en 2001, a peu évolué au fil des années. "En privilégiant le consensus, il a laissé le champ libre aux stratégies de l’agro-alimentaire et s’est privé d’outils d’une efficacité démontrée. Il est contesté sur son propre terrain par d’autres plans. Il est peu lisible, avec trop d’actions ayant un impact sanitaire marginal. Les actions qui contribuent à la réduction des inégalités sociales de santé restent trop rares", résument-ils. Pour les experts, ce programme était trop ambitieux, en visant à devenir un programme de référence, et s’est trop dispersé dans les multiples actions.
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L’Igas critique aussi le pilotage du plan, jugeant la dynamique interministérielle insuffisante : "le comité de pilotage n’a plus d’existence formelle ; le réseau des 'Villes actives' du Pnns est en dormance." Elle affirme, en outre, que certaines actions de communication, d’études ou de recherche ont bénéficié de financements "dont la justification est discutable", précise l’inspection. Et la déclinaison du plan en région apparait inefficace du fait du manque de moyens. Au final, le PNNS n’a pas apporté les fruits attendus, au contraire : le surpoids et l’obésité continuent d’augmenter. La critique est un peu moins violente concernant le plan obésité, qui "a renforcé la prise en charge de l’obésité morbide", et possède des équipes "en place". "Un nouveau plan n’est pas justifié, sous réserve d’une clarification des conditions du recours à la chirurgie bariatrique et de la mise en place de réseaux de soins", juge l’Igas La mission de l’Igas invite donc à une "refonte complète du programme". Pour cela, elle préconise un nouveau plan qui "devra redevenir un programme grand public de promotion de la santé" centré sur quelques messages clés. Elle recommande de cibler les populations vulnérables : enfants et jeunes, populations précaires, personnes âgées isolées, avec "une priorité effective à la réduction des inégalités sociales de santé". Elle encourage les pouvoirs publics à s’investir fortement dans ce plan et à y mettre les moyens financiers nécessaires "à la hauteur des économies attendues à moyen terme". Elle ajoute enfin la nécessité de renforcer "la qualité nutritionnelle de l’offre alimentaire devra mobiliser l’ensemble des ressources disponibles : fiscalité, réglementation, en particulier de la publicité relative aux produits alimentaires".
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