Entreprise sur plus de 135 000 patients, l’étude Pure conclut que la mortalité est abaissée par des apports faibles en glucides et élevés en lipides.
Les conclusions de l’étude Pure (1) pourraient déranger certains nutritionnistes. Cette vaste étude, entreprise sur 135 335 sujets de 35 à 70 ans, soumis à une enquête alimentaire, conclut en effet que la mortalité globale est accrue par une forte consommation de glucides, alors qu’elle est abaissée par des apports élevés en lipides ! “Des données qui vont à l’encontre des recommandations habituelles de limiter les lipides à moins de 30 % des apports énergétiques et les graisses saturées à moins de 10 %”, a reconnu l’un des investigateurs de cet essai, le Dr Mashid Dehghan (Hamilton, Canada). Après un suivi moyen de 7,4 ans, 5796 décès et 4784 événements cardiovasculaires majeurs ont été constatés. La comparaison des sujets ayant la plus forte consommation de glucides (5e quintile) avec ceux en consommant le moins (1er quintile) a mis en evidence un surrisque de 28 % de la mortalité globale (p ≤ 0,0001) (mais non de la mortalité cardiovasculaire). En revanche, la mortalité globale était abaissée de 23 %, la mortalité non cardiovasculaire de 30 %, et le risque d’AVC de 18 % chez les sujets consommant le plus de lipides (5e quintile) par comparaison à ceux en consommant le moins (1er quintile). Tous les types de lipides étaient associés à une reduction de la mortalité : - 14 % pour les graisses saturées, - 19 % pour les mono-insaturées, - 20 % pour les poly-insaturées. Une consommation élévée de graisses saturées s’accompagnait, par ailleurs, d’une baisse de 21 % des AVC. Le role des fruits et légumes précisé Une autre partie de l’étude Pure a confirmé qu’une consommation de fruits et legumes a un effet protecteur sur le risque cardiovasculaire et la mortalité (- 26 % de décès par exemple pour les personnes mangeant au moins une portion de legumes par jour, par rapport à celles en mangeant moins d’une par mois, - 19 % pour les personnes mangeant plus de 3 portions de fruits par jour par rapport à celles en mangeant moins de 3 portions par semaine) (2). Une étude observationnalle qui incite à la prudence Les forces de cette étude sont qu’elle a été effectuée sur un grand nombre de patients dans 18 pays de niveau socio-économique variable de zones géographiques très diverses (Amérique du Nord et du Sud, Europe, Moyen Orient, Asie, Afrique). De plus, la consommation de glucides et des différents types de lipides était établie en utilisant des questionnaires alimentaires propres aux différents pays. “Malgré tout, il faut se rappeler qu’il s’agit d’une étude uniquement observationnelle”, a insisté le Pr E. Prescott (Copenhague). D’où la nécessité de verifier ces données dans d’autres travaux cliniques.
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