Un spray anesthésique pour retarder l’éjaculation précoce

13/03/2018 Par Dr Philippe Massol
Sexologie

L’éjaculation précoce est un trouble dont la prévalence est difficile à estimer mais qui toucherait entre 20 et 30 % des hommes au cours de leur vie sexuelle, quelle que soit la tranche d’âge concernée (1).

La plupart des études ont montré que l’éjaculation précoce avait un impact négatif important sur la qualité de vie des patients et sur leur relation de couple (1). Une nouvelle solution thérapeutique est aujourd’hui disponible avec la mise sur le marché, par les laboratoires Bouchara-Recordati, de Fortacin, le premier spray anesthésique topique indiqué dans le traitement de l’éjaculation précoce primaire. Il associe de la lidocaïne (7,5 mg par pulvérisation) et de la prilocaïne (2,5 mg par pulvérisation). L'AMM avait été validée par l'Union européenne en 2013. Il est arrivé en 2016 sur le marché britannique et le 22 février dernier en France. Jusqu’à présent, la seule option pharmacologique indiquée dans l’éjaculation précoce était la dapoxétine, un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine à demi-vie courte, devant être administrée à la demande par voie orale 1 à 3 heures avant l’activité sexuelle. Le spray Fortacin s’utilise à raison de 3 pulvérisations (correspondant à une dose) appliquées de façon à couvrir la totalité du gland du pénis. Cette dose peut être répétée 3 fois au maximum par 24 heures, en espaçant les applications d’au moins 4 heures. Le spray a une action anesthésique rapide, dans les 5 minutes suivant son application, prolongeant le temps de latence de l’éjaculation. Son efficacité a été démontrée chez plus de 600 patients inclus dans deux études cliniques de phase III, randomisées en double aveugle et contrôlées versus placebo. Une amélioration d’un facteur 3 du temps de latence d’éjaculation intra-vaginale sous Fortacin comparativement au placebo a été observée, avec un temps moyen d’éjaculation qui est passé de 0,58 minutes à 3,17 minutes dans le groupe Fortacin. Son efficacité persiste et se renforce dans le temps après une utilisation répétée. Selon le dossier pharmacologique, il n’y a pas d’effet indésirable sur la sensation de l’éjaculation. Les effets secondaires sont principalement de type local pour le patient comme pour la/le partenaire. Ce médicament relève d’une prescription médicale mais n’est pas remboursé par la Sécurité sociale. Le prix indicatif est de 49 euros pour un flacon contenant au minimum 12 doses. Seulement 9 % des hommes ayant une éjaculation précoce déclarent avoir consulté un médecin. Les principales raisons évoquées sont leur gêne pour discuter de ce problème et le sentiment qu'il y a peu de traitements disponibles (2). Pourtant, outre les solutions médicamenteuses, le recours au sexologue est une option thérapeutique qui peut permettre une guérison rapide. Quelques séances feront prendre conscience au patient de son corps, du corps de l’autre, et de son aptitude à la temporisation de l’éjaculation. La sexothérapie consiste en un ensemble d’entretiens, destinés à dédramatiser le trouble. Elle s’appuie sur des exercices pratiques à réaliser entre partenaires qui seront autant d’étapes permettant de progresser jusqu’à une synchronisation de l’éjaculation (3).  

1.Porst H et al. The Premature Ejaculation Prevalence and Attitudes (PEPA) Survey : Prevalence, Comorbidities and Professional Help-Seeking . Eur Urol. 2007 ; 51 (3) : 816-24.
2. Hatzimouratidis K, Eardley I, Giuliano F, Moncada I, et al. European Association of Urology; March 2016 update.
3. Marie-Hélène Colson. Santé sexuelle au masculin : trop précoce. Fédération française de sexologie et de santé sexuelle : www.FF3S.fr

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