"Cela fait une centaine d'années qu'on essayait de classifier ce type de crises", a expliqué Christophe Bernard, directeur de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) à Marseille, co-auteur de cette publication avec Viktor Jirsa, directeur de l'Institut de neurosciences des systèmes à l'Inserm et à l'université Aix-Marseille, et William Stacey, du département de neurologie de l'université du Michigan.
Jusque-là, les crises d'épilepsie étaient classées de façon empirique, en fonction des symptômes physiques des patients. Les recherches menées par ces trois chercheurs, pendant six ans, ont abouti à "un modèle mathématique universel" permettant de comprendre la dynamique de ces crises, modèle basé sur la façon dont les électroencéphalogrammes (EEG) effectués sur les patients changent quand une crise se déclenche ou s'arrête.
Cette méthode, ou "taxonomie de la dynamique des crises", a permis de déterminer quatre façons dont débute une crise et quatre façons dont elle se termine, soit seize types de crises d'épilepsie au total.
Ce modèle a été bâti après l'analyse de milliers de crises via les EEG de 120 patients dans sept centres différents, sur les cinq continents, et notamment à Melbourne (Australie), Kyoto (Japon) et Fribourg (Allemagne). "La classification précédente permettait de savoir le moment et le lieu où survenait une crise, comme une photographie indiquerait où et quand une voiture passe sur une route", détaille Christophe Bernard: "Avec la taxonomie, un clinicien pourra prédire l'évolution des crises, dans différentes conditions ; comme une taxonomie des voitures permettrait de connaître la vitesse à laquelle roule le véhicule au moment de son passage, permettant de faire la différence entre une berline ou une voiture de sport".
"Avec l'assistance de la technologie de cerveau virtuel, que nous utilisons à Marseille, notre modèle va permettre d'améliorer la prédiction de la façon d'opérer chaque patient", espère Christophe Bernard. "On sait par exemple que certaines crises d'épilepsie sont arrêtables par la stimulation cérébrale profonde, comme pour les malades de Parkinson". Dévoilée mardi dans la revue scientifique eLife, cette classification va maintenant être soumise à la Ligue internationale contre l'épilepsie, pour être officiellement adoptée, a expliqué Christophe Bernard, espérant une validation "dans un futur assez proche".
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